L'histoire :
Clark Gaybeul, le chat de la famille de Bronski, arrive en dernier le matin pour se brosser les dents, en bout de la file d’attente pour le lavabo. Olga lui explique que sa place n’est pas ici : les chats se brossent les dents dans la cuvette des toilettes. Clark s’exécute, sans broncher. Le midi, tout le monde accourt à l’appel à taaaable, Clark de même. Mais Olga lui explique une nouvelle fois son rôle de chat : finir les restes de choucroute d’il y a quatre mois, dans sa gamelle immonde. Le soir, Bronski découvre Clark assis sur le trône des toilettes en train de lire un magazine et d’écouter son walkman. La même litanie se répète invariablement : la place du chat pour déféquer, c’est dehors, dans un trou de la pelouse, au vu des chiens du quartier qui se foutent royalement de sa poire. Puis vient le moment de la télé : Clark est éjecté du canapé où il regardait son feuilleton félin préféré, afin que Bronski puisse suivre son match de foot. Vient enfin l’heure du bain, particulièrement corsé car il intervient juste après que la famille entière ait assisté à un reportage animalier sur l’hygiène exécrable de nos amis à poils. Plus tard, le pauvre chat méprisé sera exclu d’une partie de ping-pong, d’une séance d’auto-tamponneuses et finira comme cible au milieu d’un stand de tir. C’est trop injuste, la vie de chat.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 32 albums plus ou moins concentrés sur les vicissitudes de la famille Bronsky, Edika crée une petite révolution ! Désormais, le héros c’est le chat, Clark Gaybeul (baptisé ainsi en référence à un certain acteur homonyme). Les frasques graphico-narratives de cet auteur doux-dingue, emblématique de la galaxie Fluide Glacial, seront en effet désormais réunies sous ce titre. Ce changement est né d’une volonté éditoriale et marketing (et revendiquée comme telle) d'encadrer l’œuvre relativement disparate – pour ne pas dire foutraque – d’Edika, sous la bannière d'un personnage-titre. Car dans le fond, rien ne change par rapport à avant : ses scénarii abracadabrantesques et déstructurés partent toujours en vrille, là où le mènent ses envies. L’« Edika’s touch » demeure donc inchangée, avec juste une curieuse propension à mettre moins de nichons/bites/couilles (qu’il explique par une lassitude dans la transgression) et que ce con de chat est inévitablement plus présent qu’auparavant. Toujours vert, avec sa grosse truffe ronde et rouge, sa pilosité dorsale improbable, son slip blanc « grande barque » et son testicule qui dépasse, Clarky n’est donc pas à la noce pour son baptême du feu. Méprisé, vilipendé, secoué, peigné, lavé (!!)… il laisse néanmoins la place à des sketches absurdo-debiloff habituels où il est totalement absent. A noter, le début de L’âge bête (historiette n°4), qui fait particulièrement mouche sur les difficultés de terrain que connait l’enseignant d’aujourd’hui…