L'histoire :
Shafi et Adil, deux jeunes afghans, vivent dans la province de Khost, au sud-est du pays. Malgré les attentats qui rythment la vie des habitants, ils profitent d’une enfance simple et heureuse. Jusqu’au jour où le père d’Adil meurt brutalement. S’ensuit alors un enchainement de situations qui font basculer la vie du jeune garçon. Inscrit de force dans une école coranique, puis contraint à l’exil, Adil, accompagné de son cousin Shafi, cherche à gagner l’Europe, au prix de difficultés immenses. Bientôt rejoint par Daoud, ils commencent alors un périple particulièrement éprouvant à travers l’Asie puis l’Europe, au cours duquel ils vont se retrouver confrontés aux passeurs, aux camps de fortune, à l’angoisse de se faire arrêter, à la peur permanente. Mais au cours duquel ils vont aussi faire des rencontres, nouer des amitiés, et compter sur un espoir inébranlable dans la réussite de leur quête d’une vie meilleure.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
9603 km est un récit quasi documentaire sur le parcours de ces enfants qui quittent tout ce qu’ils ont pour échapper à la guerre, à la pauvreté, et tenter de rejoindre cette terre promise que semble être l’Europe. D’ailleurs, Stéphane Marchetti s’est appuyé sur les témoignages d’enfants qui ont authentiquement vécu ce périple désespéré pour écrire cet album édité par Futuropolis. L’écriture tout en finesse donne de la crédibilité et de l’humanité à l’histoire d’Adil, qui pourrait être celle de milliers de jeunes gens qui se retrouvent à tenter l’exil. Le parti-pris de retranscrire le périple via quelques scènes permet d’évoquer les difficultés et les échecs auxquelles peuvent être confrontés toutes ces personnes obligées de quitter leur pays. Ils se mettent en quête d’un avenir meilleur qui se révèle la plupart du temps une chimère inatteignable. Que ce soit les passages des frontières où l’on tire à vue, la misère et l’attente qui envahissent les camps, ou encore l’obligation de s’en remettre aux passeurs pour espérer avancer. Mais le récit s’attache aussi et surtout à donner de la dignité à tous ces femmes et hommes, à raconter leur vie quotidienne, les rencontres heureuses, les liens qui se nouent avec d’autres compagnons d’infortune, les rares moments de joie. Rappelons que les deux protagonistes, comme tant d’autres, ne sont que de très jeunes gens pas tout à fait sortis de l’enfance. Le dessin clair et détaillé de Cyrille Pomès accompagne parfaitement le récit, donnant de la profondeur à chacun des personnages rencontrés le long de ces 128 pages qui se lisent d’une traite. Une lecture terriblement d’actualité, passionnante, à ne surtout pas manquer.