L'histoire :
Ça y est, l'Apocalypse a eu lieu. Des raisons de sa venue, nous n'en saurons rien. Dans cet univers hostile, seule la survie compte, quelles qu'en soient les conséquences. Un père et ses deux fils, jeunes ados « chiens fous », aussi sauvages qu'imprévisibles, essaient tant bien que mal de survivre par le troc, la chasse et la cohabitation compliquée avec les autres survivants, plus ou moins hostiles. Mais voilà que le père, appelé « Lui » par ses enfants, figure inquiétante et rude, meurt d'un arrêt cardiaque et laisse derrière lui un mystérieux cahier. Le plus jeune des deux enfants veut absolument trouver quelqu'un pour le leur lire, le père ayant toujours refusé de leur apprendre la lecture. Cette quête va les propulser au plus profond de l'enfer humain, à la rencontre de géants difformes ou encore d'une secte sanguinaire et cannibale obéissant aveuglément aux préceptes absurdes du dieu « Trokool ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Roman graphique âpre oscillant entre La Route et Mad Max, La Terre des fils est, du propre aveu de l'italien Gipi, son ouvrage le plus personnel. A travers ce récit de science-fiction, l’auteur se plonge plus profondément sur sa thématique de prédilection : la relation père-fils et toute la difficulté qu'elle soulève, les non-dits qui parfois l'accompagnent. Le père, s’interdisant toute relation de tendresse envers ses fils afin de les endurcir en vue de leur survie dans ce monde hostile, paraît pourtant être le seul point d’ancrage pour ses enfants. Et, une fois disparu, il déclenchera un chaos sans fin. Mais c’est surtout sur le cadet qui est porté par le récit. Il oscille en permanence entre un amour vacillant et une haine farouche pour ce père aussi protecteur que menaçant, et poursuit une quête insensée mais intemporelle : savoir ce que nos parents pensent réellement de nous. Au passage, il faut souligner l’excellent travail de traduction offert par Futuropolis pour cet ouvrage, et chapeauté par l’auteur lui-même. Un magnifique roman graphique, dont le dessin tremblé si caractéristique de Gipi convient parfaitement à l’ambiance mortifère et pourtant fascinante de cette histoire. La fin, ouverte, laisse entrevoir un espoir et surtout une rédemption : même au milieu de l’enfer, la tendresse peut arriver. Poignant, fort, âpre et fascinant, une réussite !