L'histoire :
En 1665, le roi Philippe IV est mort. On fait l’inventaire de ses possessions. De nombreux tableaux, de Rubens, Van Dyck, tous les maîtres de la peinture européenne sont représentés. Parmi eux, le plus grand de tous… Changement de décor, de style, d’époque, de couleur. Foucault est en train d’écrire sur Velasquez… Puis retour au noir et blanc. Velasquez se questionne. Il a 57 ans, il est le plus grand peintre du royaume. Il a tout peint. Lui reste à effectuer son chef d’œuvre… Retour à Grenade, en 1658. Une enquête a été ouverte, sur l’ordre du Roi, pour accorder à Diego Velasquez le titre de chevalier de l’ordre de Saint-Jacques. L’enquêteur vient voir un peintre retiré dans un couvent, Alonso Cano. Au fil des pages, les témoignages vont se succéder. Les contemporains de Velasquez, interrogés par l’enquêteur de l’ordre de Saint-Jacques, mais aussi les successeurs de Velasquez, Picasso, Dali, Goya… et des auteurs : Foucault donc, mais aussi Antonio Buero Vallejo. On suit aussi la vie de Velasquez, ses relations privilégiées avec le roi Philippe IV, sa boulimie de connaissances sur la peinture…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pfiou… Ce petit pavé de 180 pages se dévore. On est tout de même un peu pris à froid. Construit en boucle, l’ouvrage s’ouvre et se ferme sur l’inventaire des œuvres d’art à la mort de Philippe IV, en 1665. La première double page pose la question « mais quelle est donc cette plus grande œuvre de tous les temps ? » qui trouve sa réponse 170 pages plus loin. Puis on est tout de suite plongé dans une réflexion de Michel Foucault sur la distanciation de l’artiste face à son œuvre. Et là, on se dit que le livre va être très, très long. D’autant qu’un nouveau flashback est lancé la page d’après. Pourtant, on est déjà entré dedans. Et on prend un malin plaisir à jongler dorénavant entre les époques. D’autant que Javier Olivares relève le défi que lui lance son scénariste, Santiago Garcia, en variant à la fois les styles, cubistes, rond, naïf, mais aussi les couleurs, passant du noir et blanc aux couleurs flamboyantes… Des cases-pages, grands paysages où scènes de travail succèdent aux découpages classiques pour faire avancer l’intrigue. Le travail de recherche effectué par Garcia est impressionnant. La richesse des points de vue, la vulgarisation du sujet grâce à une intrigue passionnante, tout l’ouvrage concourt à enrichir le lecteur sur la vie de Velasquez, mais aussi sur ce qu’il a apporté au monde des arts en général, à la peinture en particulier. Il est fascinant de voir comment il a été source d’inspiration pour Salvador Dali, de tourments pour Picasso qui, en 1957, a peint une série de 58 variations sur Les Ménines… Jusqu’au 13 juillet 2015, Velasquez est exposé au Grand Palais à Paris. Ce Ménines donne une furieuse envie d’y courir.