L'histoire :
La célèbre Statue de la Victoire est en train de chuter lourdement dans l'eau. Des sirènes et femmes poissons regardent tout autour d'elles, curieuses de cet étrange spectacle. Elles ramassent tout ce qu'elles peuvent trouver dans l'eau et sur le sable : coquillages, crustacés. Elles en forment une tête pour habiller la statue qui possède enfin un visage. Cette œuvre est pourtant éphémère puisque des poissons rentrent dans sa bouche et finissent par éparpiller la tête un peu partout. Et la fameuse Joconde ? Elle traverse les siècles, imperturbable de son regard perçant et énigmatique. Léonard de Vinci avait voulu qu'elle interroge l'humanité tout au long de son existence. Elle a vu une révolution, des rois à la tête coupée, le grand Napoléon et des bombardements dans la ville, mais elle est toujours restée la même : étrange et calme. Une pièce maîtresse du Louvre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après des grands noms prestigieux comme Bilal, Taniguchi, Davodeau, Marc-Antoine Matthieu ou Yslaire, c’est désormais une série d’auteurs japonais, chinois et taïwanais qui posent leur griffe sur la collection « Louvre ». Il faut dire que le célébrissime musée français a enchaîné les expositions consacrées à l’art asiatique courant 2016. Pas moins de huit auteurs s’essaient ici à une histoire courte qui met en scène le hiératique musée d’arts et d’antiquités. Le point commun de ces saynètes complètes est la science-fiction. Tous les auteurs changent le musée et Paris en imaginant la situation dans un futur lointain. Certaines idées sont donc surprenantes et originales : des extra-terrestres visitent le musée ou un robot assiste un vieux guide passionné mais réactionnaire. Le choc entre le style antique du musée et l’univers futuriste correspond bien à cette intrusion de l’art et la sensibilité asiatique dans le Louvre. Imaginez un astronaute, vêtu de sa combinaison complète, assis sur un des petits bancs d’une galerie en train de regarder un tableau ! Evidemment, les auteurs glissent quelques allusions à des tableaux célèbres, la vedette étant bien entendu la Joconde qui apparaît à plusieurs reprises. Le style graphique est à la hauteur de l’hommage rendu aux grands maîtres : le style est original et futuriste. Beaucoup mêlent photos et dessins avec une virtuosité hallucinante, pour un rendu naturel et plein de vie. Une histoire superbe et très puissante se fait même sans aucun texte ni parole. Un peu hermétique parfois, l’album se veut intelligent avec des histoires complexes qui cadrent finalement bien avec le côté intellectuel du musée. On retrouvera avec plaisir certains noms asiatiques connus en France comme Katsuya Terada, le character designer de l’animé Blood, the Last Vampire ou encore Mari Yamazaki, l’auteure de Thermae Romae. Un hommage exotique et original qui se lit toutefois trop vite pour un prix assez élevé : l’art coûte cher !