L'histoire :
Un moustachu à lunettes âgé d’une quarantaine d’années se réveille dans le ressac d’un littoral. Que fait-il tout habillé et tout mouillé sur cette plage pleine de touristes ? Comment en est-il arrivé là ? Il se souvient vaguement qu’il s’appelle Reiner et d’un accident de la route. Werner était au volant lorsqu’un camion a foncé sur eux latéralement en sortant d’un bois. Au volant côté collision, Werner est mort sur le coup, déchiqueté. Reiner a déambulé en repensant à l’expérience incroyable à laquelle ils se sont livrés. Il repense à ce boîtier électronique qu’il a bidouillé dans une chambre d’hôtel. Pendant qu’il joutait du fer à souder, les infos télévisées annonçaient la quatrième explosion atomique à la frontière de l’Irak. Cette guerre a commencé lorsque Kurtz est arrivé au pouvoir. Et lorsque des scientifiques ont commencé à produire des dizaines de clones à partir de son sang, afin d’obtenir des cyborgs ambitieux. Reiner et Werner se sont alors attelés à un plan diabolique… Désormais, Reiner repense à cinq noms : Woop, Jupiter, Max, Kate et Mary. Justement, Mary se trouve au musée du Louvre parisien. Avec son visage lunaire et sa démarche innocente, elle est heureuse d’être là, au milieu de l’humanité culturelle. Elle regarde plus les gens qui se nourrissent des œuvres d’art que les œuvres elles-mêmes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avez-vous compris ce que signifiez le titre, francisé « Lune de la lune » ??! Ne vous inquiétez pas, nous non plus. A l’image de cette accroche énigmatique, l’intégralité de cette histoire sponsorisée par le Louvre Éditions est d’un hermétisme affolant. On suit ici des séquences qui manquent gravement d’éclaircissements narratifs : une femme lunaire visite le musée du Louvres, une ombre noire déambule, deux hommes complotistes tentent de réintroduire des cyborgs volés, une réelle poésie contemplative sur le monde, un bilan de ce qu’a produit notre humanité (cf. l’incroyable pleine page 76), l’imminence de l’apocalypse autodestructrice. Le pitch en 4ème de couv tente pourtant de nous donner le sens du propos. On vous le note in extenso afin d’être utile et de préciser tout de même le registre : « Deux scientifiques restaurent cinq cyborgs-guerriers mis hors circuit afin de leur offrir une nouvelle vie. L’opération réussit, mais à peine réveillés, les cyborgs disparaissent… Alors que les deux hommes partent à leur recherche, la conscience des cyborgs réactivés est parasitée par des reliquats de leur mémoire guerrière passée qui perturbent leur fonctionnement. Ceux-ci vont alors se tourner contre leurs créateurs. Seul l’un d’eux, à la suite de visites répétées au Louvre, semble trouver dans l’art une voie vers la beauté et tenter à son tour, à travers la création, de donner un sens à sa nouvelle existence ». Voilà, voilà, c’est beau comme du Frédéric François : le salut de l’âme passera par l’art. Même chez les cyborgs et les clones (cyborg, clone… ouais, bon, c’est un peu la même chose). On est super d’accord. On comprend aussi l’intention globale du hong-kongais Li Chi Tak de convoquer les promesses du futur, de les confronter aux plus belles reliques du passé, afin de donner un sens à notre présent (incertain). Mais était-il possible de véhiculer cette idée de manière plus confuse ? Dommage, car l’auteur sait plutôt bien dessiner. Il lui aura juste manqué un scénariste.