L'histoire :
Paris, l’après midi, 2080… Dans un building qui surplombe la ville, il attend. Nom de code : Samouraï, un assassin qu’on paye pour le sale boulot. Regard froid, appartement sobre, il attend le moment où il sortira. Cet instant où on l’appelle et où dans un seul mouvement, il arpente la ville pour accomplir son devoir. Il marche et la ville s’emplit d’écrans projetant, sans pudeur, sans censure, des scènes pornographiques. Les rues s’ornent de devantures où le sexe semble avoir pris le pas sur toute autre forme de communication. Comme pour leur faire écho, sa tête joue à son tour la même partition : des images subliminales où s’emmêlent des corps purs ou souillés. Des femmes belles et terriblement désirables. Les a-t-il serrées dans ses bras, aimées, rêvées ou simplement désirées ? Il marche, électromagnétise un bolide pour le voler et décoller sans bruit vers son prochain assassinat. Lentement courir se heurter à son destin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peut-être est-ce un hommage au film éponyme de Jean-Pierre Melville ? Une histoire de tueur à gages solitaire, froid dont le destin est déjà écrit. Peut être… Le moins que l’on puisse dire, en tous cas, c’est que ce n’est pas du coté du récit que Didier Eberoni comptait nous jeter dans ses filets : l’histoire sert simplement de prétexte à un jeu de peintures subtilement cadrées. De ce tueur, on n’entendra aucun mot. On se contentera de le suivre, en une voix off très ampoulée, dans un sublime Paris futurisant, guidés par un rapace et interrompus par des corps féminins, tantôt sublimement érotiques ou vivants, des instants plus crus. Le reste n’est qu’une balade qui nous mènera à la conclusion sans jamais nous convaincre réellement. Bien sûr, reste l’atmosphère, l’ambiance moite d’un univers décadent, la saveur des lenteurs voulus, le flot d’une colorisation directe et douce, soutenue par un trait fin, au pouvoir apaisant : une recherche esthétique constante, générant belles images et flattant l’œil incontestablement. Au-delà, s’il y a un message, il est difficilement à la portée du lecteur de BD, même le plus ouvert ou le plus aguerri. Finalement, l’album manque peut-être simplement de poésie qui, si elle n’avait pas était plus habile à épaissir le récit, aurait au moins donné une sens aux jolis tableaux que nous laisse, ici, Didier Eberoni.