L'histoire :
Ce 15 janvier 1974, lorsque trois enfants de la famille voisine frappent à la porte de Dell Johnson, c'est les yeux pleins de larmes. Ils ont découvert leurs parents assassinés chez eux, et viennent chercher de l'aide. La police découvre des cadavres ligotés, sacs en plastique sur la tête, et du sang plein la maison. Lorsqu'il lit les journaux le lendemain matin, Dennis Rader enrage : la police fait fausse route, personne ne comprend que derrière ces meurtres, il y a un homme comme lui, qui cherche absolument à attirer l'attention. Il va alors appeler le journal qui a publié l'article bourré d'informations inutiles et leur donner anonymement un indice pour les mettre sur sa piste. Lorsque la police découvre une lettre qui décrit dans le détail la situation de chacune des victimes de la famille Otero, c'est le début d'une campagne de terreur et de chasse à l'homme dans la petite ville de Wichita. Dans une prison du Kansas, quarante ans plus tard, Etienne Jallieu va s'entretenir avec Dennis Rader, celui qui s'était fait appeler BTK les trois lettres qui décrivent le sinistre mode opératoire qu'il utilisera à de multiples reprises. Ligoter, torturer et tuer, il l'aura fait plus de 10 fois au cours de dix-sept ans d'une sinistre carrière. La conversation entre les deux hommes révèle un tueur en série totalement inhumain, provoquant et manipulateur, qui ne regrette absolument rien.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série se poursuit autour des portraits de serial killers, concept développé par Stéphane Bourgoin et scénarisé par Jean-David Morvan, sur le même modèle que les précédents volumes consacrés à des personnages aussi attirants que Michel Fourniret ou Ted Bundy. Le nouveau cas décrit ici est aussi monstrueux que les autres. L'entretien dans le parloir de la prison est absolument glaçant. L'album revient en une série de flashbacks sur les meurtres commis par Rader, les auteurs mettent en scène ce que le tueur se plaisait à décrire, un scénario répétitif et absolument horrible, dans lequel il trouvait du plaisir et de l'apaisement. Le lecteur de cet album est quant à lui partagé entre la découverte de la noirceur incroyable de l'âme du criminel, et le visionnage de scènes qui ont réellement eu lieu, un cran plus loin, donc, que la pure imagination d'un scénariste. Morvan ne nous fait pas ressentir le malaise d'une position de voyeur, grâce à des aller-retours incessants vers le dialogue entre le prisonnier fou et son visiteur qui dit vouloir comprendre comment un esprit humain peut dériver aussi loin. Les dessins de l'équipe constituée pour cet album sont volontiers sombres. Ils dépeignent non seulement Rader en tueur fou, mais aussi son interlocuteur dans des poses à contre-jour assez étranges. On se demande parfois, lorsqu'on voit son visage assombri, ce qui l'amène lui aussi à côtoyer de tels monstres. Au final, ce récit terrifiant ne donne pas du tout envie de passer à l'acte, ce qui est déjà une bonne chose. Il ne rassure pas non plus sur l'efficacité de la police face à des meurtriers aussi méthodiques et imperturbables. Surtout quand ils ont une tête de Monsieur-tout-le-monde comme Rader. Un volume supplémentaire, donc, dans cette série plus que noire. Il vaut mieux savoir à quoi on s'attend avant de démarrer la lecture.