Lukas est un auteur brésilien assez jeune, d’une trentaine d’années. Comme une pierre est sa première bande dessinée. Ne parlant que très peu le français, c’est Thomas Dassance, son éditeur, qui s’est chargé de la traduction en direct.
Remerciements à Lukas Iohanathan et Thomas Dassance, pour l’assistance/traduction !
interview Bande dessinée
Luckas Iohanathan
Réalisée en lien avec l'album Comme une pierre
Bonjour Luckas. On a adoré ton premier roman graphique Comme une pierre, traitant à la fois du difficile travail de la terre, du handicap, de l’importance de la religion et ses dérives, et de la pauvreté. Comment cette idée de roman t’est-elle venue à l’esprit ? Y-a-t-il une partie de vécu ?
Luckas Iohanathan : Il y a plein de choses autobiographiques dans ce roman, notamment le fait que l’endroit où se déroule l’histoire correspond à l’endroit où vivait mon grand-père qui cultivait la terre. Je le voyais ne parlant que très peu et qui se tuait pour travailler. Il n’avait pas de moyen de transport et lorsque j’étais enfant, je me demandais pourquoi il s’obligeait à vivre cette vie.
Dans le roman, j’ai a aussi intégré le fait que j’ai été longtemps fidèle d’une église, mais j’ai toujours eu mes propres doutes, mes propres interrogations ; c’est donc vécu. Et cet endroit m’a évoqué des images avant même la naissance du roman. Par exemple, l’image d’un groupe de personnes au bord d’une rivière asséchée, en train de prier pour que l’eau revienne...
Où habites-tu, ou as-tu habité au Brésil ?
Luckas Iohanathan : Je vis à Mossoro dans le Rio Grande Grande du Nord, qui est une région près de Fortaleza. Le premier personnage – la fille qui vient pour rencontrer le couple – dit d’ailleurs qu’elle vient de là. C’est plutôt une petite ville pour le Brésil, même si elle comptabilise tout de même 300 000 habitants.
Quel est ton parcours d’études ? Et as-tu publié avant ce titre, éventuellement dans des revues ?
Luckas Iohanathan : J’ai fait une fac de publicité. Et j’ai publié deux travaux avant Comme une pierre. Une BD en ligne intitulée O Monstro Debaixo da Minha Cama (Un monstre sous mon lit) qui a été finalement publiée en version papier en 2023, le même jour que Comme une pierre, par une maison d’édition brésilienne : Pipoca e Nanquim. J’ai un deuxième travail qui a été publié en ligne, qui s’appelle Enterrei Todos No Meu Quintal (J’ai enterré mes mots dans mon jardin).
A quel moment et dans quelles conditions as-tu choisi cette patte graphique au ton bicolore noir/jaune ? Est-ce une technique que l’on retrouvera ou est-ce totalement et exclusivement lié à ce récit ?
Luckas Iohanathan : C’est une idée qui m’est venue en même temps que la création de la BD. J’avais déjà visuellement l’image de ce que je voulais. Mais je pense que ce ne sera pas forcement quelque chose que je vais refaire. Chaque projet requière un style différent. Par contre je vais bien réutiliser l’idée de la bichromie.
Quels auteurs brésiliens de bande dessinée passés ou présents, pourrais-tu conseiller au lectorat français ?
Luckas Iohanathan : Lourenço Mutarelli, Marcello Quintanilha, Marcelo D’salete...
Donc, au moins un qui n’a pas encore été publié en France, sauf erreur ?
Luckas Iohanathan : Oui, Lorenzo Mutarelli, un ancien, un classique, mais qui ne fait plus de bande dessinée aujourd’hui.
Travailles-tu sur un nouveau projet, et lequel ?
Luckas Iohanathan : Je travaille sur un titre Ouroboros, qui sera cette fois-ci dans les tons de bleu. Je le qualifierais de pessimiste et il est aussi beaucoup défini par la tragédie grecque, avec un ton, une ambiance, un peu dans l’esprit de ce que l’on a pu lire dans Comme une pierre. Il sera publié cette année, par la même maison d’édition au Brésil, et bien sûr chez Ilatina normalement.
Comment envisages-tu ce thème, qui est parfois associé au fantastique, voire la science-fiction ?
Luckas Iohanathan : Dans mon cas, ce sera très réaliste en termes d’histoire, et le symbole de l’ourobouros symbolisera la vie qui s’autodévore, en répétant parfois des choses déjà arrivées à nos parents ou grands-parents.
Pour revenir sur ton parcours d’études... Venant de la publicité, ressens-tu des difficultés éventuelles dans la bande dessinée ? Sur les personnages, ou les décors ?
Luckas Iohanathan : Les paysages plutôt. Et surtout les villes, qui requièrent plus d’angles et de perspectives.
Merci beaucoup Lukas.