L'histoire :
13 juin 1940. Tandis que les allemands prennent possession de la capitale française, Jeanne, une jeune femme d’une vingtaine d’années se réveille au beau milieu de la nuit et s'inquiète : son père n’est toujours pas rentré. Elle avait surpris, la veille, des bribes de discussion avec son collègue Simon : « une menace sous le cimetière Montparnasse »… Aussitôt, elle s’habille et se rend à l’entrée des catacombes dudit quartier. Elle connaît assez bien les lieux, car son père, carrier de profession, l’a initiée au monde souterrain sous Paris. Elle emprunte « l’escalier de cristal » et tombe, plus loin, sur la lampe de son père, abandonnée… A côté, elle trouve des traces sur le sol, comme si on avait tiré un corps dans une galerie… Elle s’y engouffre et débouche dans une grotte angoissante, où un diable vert est peint au plafond. Une légende des égoutiers veut que tous ceux qui l’aperçoivent meurent dans l’année… A cet endroit, elle s’accroche au crochet d’une trappe, dissimulé sous la terre. Elle la soulève et… glisse dans une profonde cavité ! Elle atterrit sur un monticule d’ossements et de crânes humains. La nouvelle galerie dans laquelle elle se trouve est éclairée d’une étrange lumière verdâtre… Elle y découvre une monumentale sculpture d’ossements enchevêtrés… mais ce n’est pas le plus inquiétant : une ombre monstrueuse s’approche d’elle et la traque. Elle s’enfuit, en panique, grimpe par la sculpture qui forme une sorte de cheminée, puis déambule époumonée dans des couloirs d’égouts et s’assomme contre un tuyau. Elle se réveille plus tard et ressort par une bouche d’égout… en plein jour, au beau milieu du défilée allemand sur les Champs Elysées.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo d’auteurs de La loi du Kanun réitère une seconde collaboration, en s’intéressant cette fois, comme l’indique explicitement le titre, au vaste réseau souterrain s’étendant sous la capitale française et reliant les anciennes carrières et ossuaires (plus 250 km de galeries !). D’entrée de jeu, le lecteur plonge dans un contexte tourmenté (celui de l’occupation allemande) et un décor fantasmagorique et macabre à souhait (les catacombes parisiennes), aux côtés d’une jeune héroïne face à plusieurs problématiques. En effet, quel lien y a-t-il entre la disparition de son père dans les galeries, l’ombre diabolique qui la traque dans ce dédale, et la personnalité ambigüe de Lucien, jeune résistant caractériel, impétueux et… fort entreprenant ? Pour cette mise en bouche engageante, Jack Manini s’appuie sur les encrages réalistes maîtrisés de Michel Chevereau, et tisse un scénario tout aussi labyrinthique que les galeries dont il s’inspire. En effet, nombreux sont les morceaux de puzzle qui ne manqueront pas de se rejoindre dans les volets à venir : une tête qui bout dans une marmite, deux protagonistes homonymes, une procession troglodyte providentielle… L’explication s’articulerait-elle autour du rôle que jouèrent les catacombes durant la résistance ?