L'histoire :
Au sein de sa « maison » éducative, Nestorius est arrivé à l’âge où il doit se spécialiser dans une fonction. Pour lui, ce sera la longue et douloureuse métamorphose en soldat, en « seigneur ». Attaché et bâillonné, il est mis en condition par un ancien de ses camarades, qu’il reconnait malgré sa transformation physique : Gracchus. Ce dernier lui explique qu’il va finir sa croissance et sa formation au sein de la communauté des « larves ». Il va apprendre à combattre et à obéir… mais il n’étudiera plus car cela ne lui servira plus à rien, désormais. Ensuite seulement, l’opération lui accordera son corps définitif. Nestorius est intelligent et habile, il s’adapte donc à ce qu’on attend de lui en répondant positivement à chaque étape de sa formation. A la cantine ou dans les couloirs, il croise de temps en temps une colonne de soldats… et redoute un peu ce destin à la fois puissant et… déshumanisé. Un jour, il se retrouve inconscient à l’infirmerie après avoir été blessé lors d’une session d’Inche (le sport en vigueur, qui se joue avec une balle entre les dents et à grands coups de latte). Il découvre alors, sur le lit à côté de lui, une énorme chrysalide. Un camarade lui explique que c’est son ancien camarade Sergius, qui vient de subir l’opération de transformation et qui doit attendre, sous sédatif, la fin du processus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une adaptation du roman de base en trilogie BD, l’univers dystopique de Meto développé en romans « younf adults » par Yves Grevet, s’étend aujourd’hui à des épisodes autonomes : Nestorius et Ursina paraissent de concert ; et en mars 2023, Joe viendra boucler ce cycle d’histoires indépendantes et complètes. En préambule, un paragraphe situe le périmètre géopolitique et social de cette société obscurantiste et post-apocalyptique, une mise en contexte qui manquait cruellement à la trilogie BD. Ouf, nous voilà ainsi bien au fait des asservissements immondes qui vont suivre ! Le dessinateur Nesmo reprend la griffe artistique encrée et dynamique qu’il avait utilisée pour l’adaptation de la série BD. Le scénario élaboré par Grevet himself met en scène le destin de Nestorius, adolescent sensible qu’on transforme en soldat déshumanisé, au terme d’un violent processus physique de métamorphose. L’étape de chrysalide s’avère une métaphore relativement naïve, quoiqu’éloquente, auprès du lectorat qui correspond à cet âge… On sent bien que Grevet n’est pas originellement scénariste de BD : son récit n’est pas inintéressant, mais il manque de rythme et reste en surface de la psychologie nécessaire pour rendre attachants les personnages. Comme pour Ursina, le plus intéressant dans cet épisode autonome est le paragraphe préambule, qui décrit l’origine du contexte dystopique. On aimerait surtout en savoir plus sur les rouages de la géopolitique mondiale, en ce présent parallèle obscur. La BD qui forge le cœur de l’album se contente de mettre en scène la construction/déconstruction personnelle d’un des acteurs, à la personnalité un peu artificielle, vers un destin un peu téléphoné et manichéen.
