L'histoire :
Omer Desmet a fui sa famille et la violence de son frère jumeau. Mais il a dû aussi fuir Anvers, bombardé par les Allemands au début de la première guerre mondiale. Nous sommes en septembre 1914 et Omer, avec son ami Louis de Meester, ont embarqué clandestinement sur un cargo en partance pour le Canada. Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme prévu, le bateau est détourné à la suite d'une mutinerie. Dans les cales du bateau, les mutins ont caché des armes qu’ils destinent à la vente au Mexique, puis au Japon. Mais Omer et Louis s’en servent pour aider le capitaine du navire à reprendre le commandement du bateau. Malheureusement, après avoir traversé le canal de Panama, il est finalement victime d’une torpille de sous-marin allemand dans les eaux du Pacifique. Omer et le reste de l’équipage se retrouvent alors naufragés sur une île peuplée par une tribu cannibale… Les ennuis ne sont pas près de s’arrêter !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toujours mené par le tandem père/fils Francis Carin/David Caryn, le tome 2 d’Ennemis de Sang est radicalement opposé au premier. Le premier ressemblait à un roman réaliste du XIXe siècle, tendance Zola. D’ailleurs, Francis Carin avait pris son inspiration, outre dans sa propre histoire familiale, dans une nouvelle intitulée Aux Champs, tirée d’un recueil de Guy de Maupassant (Contes et nouvelles du désenchantement). Le second sent aussi bon le XIXème, mais plutôt tendance Fenimore Cooper ou Robert-Louis Stevenson… Or donc, loin du rouge et du noir des mines des Flandres, on se retrouve dans un bleu et vert paradisiaque des îles du Pacifique… Le destin d’Omer avait beau avoir été annoncé à ses parents (« il sera roi »), l’histoire est déroutante et, partant, rafraîchissante à la fois. L’ambiance oppressante du drame familial laisse la place à l’aventure bigarrée des antipodes, et on se demande vraiment comment il est possible qu’Omer ait le mal du pays. Un petit accroc dans le scénar de Carin, par ailleurs divertissant et bien mené. Cette association avec son fils fonctionne bien, d’autant que la finesse du trait de Caryn et son jeu de lumières, donnent du sens au texte réaliste de son père. Désormais, au grand jeu des auteurs du XIXème, on attend vraiment ce que la famille va bien pouvoir nous sortir en guise de plat de résistance, avec les retrouvailles attendues des jumeaux.