L'histoire :
Projeté à la tête du groupe GRH par la très belle Diane de Rochart-Haumont, Gil est envoyé en Afrique pour signer un accord commercial avec les autorités du Malaki Masso. Le président de ce pays d'Afrique sub-saharienne, assassiné quelques jours plus tôt, comptait sur cet engagement de production d'agro-carburants pour apporter la richesse à sa jeune démocratie. Mais ceux qui ont décimé la famille de Diane ont agi pour stopper le projet, tandis que la riche héritière est soupçonnée d'avoir assassiné son ex-boyfriend, dans des circonstances surprenantes. Arrivé sur place, accompagné des deux cousins Rochart-Haumont, Gil Saint André espère que le voyage va lui permettre de mettre à jour le rôle qu'ils ont joué dans les évènements. Mais rien sur place ne se passe comme prévu. La cousine Thècle le drague très ostensiblement, tout comme une jeune hôtesse de l'air embarquée à la dernière minute, sans oublier la call-girl de luxe arrivée dans les bagages de l'émissaire du gouvernement français. Gil garde intacts ses sentiments pour Diane, dont il ne peut croire la culpabilité. Le Monsieur Afrique tente de corrompre un futur candidat à la présidence, tandis que des envoyés de Singapour approchent son opposant. Les menaces et les jeux d'influence se croisent, jusqu'à ce qu'un évènement imprévu fasse tout basculer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Charles Kraehn semble décidé à redonner un rythme de parution régulier à sa série Gil Saint André, dont le démarrage avait marqué le public à la fin des années 90. Un personnage à très forte personnalité, des sujets contemporains abordés avec clarté et sans langue de bois, le style Kraehn était en rupture avec les séries à succès plus conventionnelles. Tout en affichant un vrai potentiel grand-public qui se confirme dans le triptyque que cet album vient clôturer. Le scénariste s'amuse cette fois-ci à entourer son personnage de femmes toutes plus allumeuses les unes que les autres, Gil restant imperturbable. Il oublie peu à peu la sombre histoire qui marquait ses premiers albums (tous excellents), et devient un personnage plus léger, pas avare de bons mots cinglants et un brin macho. L'intrigue complexe, aux multiples fausses pistes mise en place il y a deux épisodes, va se conclure ici avec un rebondissement digne des classiques des années 50. Totalement improbable, mais asséné avec un aplomb insolent, comme si le scénariste dessinateur avait choisi de montrer comment il pouvait remplir son cahier des charges, gardant la maîtrise de la fluidité de son histoire. Le dessin de Kraehn n'est pas le plus fouillé qu'il ait fourni, avec quelques visages aux traits rapides et une certaine économie de décors. On est clairement dans un registre différent du bijou que fut Le Ruistre, avec une volonté perceptible de rendre sa série phare plus distrayante. Il y parvient sans tutoyer les sommets, offrant tout simplement un bon moment de lecture.