L'histoire :
28 juin 1914. L’archiduc Franz Ferdinand de Habsbourg, héritier du trône d’Autriche-Hongrie est assassiné à Sarajevo. L’auteur de cet attentat est Gavrilo Princip, un jeune étudiant de 19 ans. Cette nouvelle qui fait la Une de tous les journaux, dont le Petit Parisien et l’Humanité, interpelle Jean Jaurès à Paris. Il voit là une péripétie supplémentaire due aux conflits capitalistes qui s’enchaînent depuis des années. Il fait la guerre à la colonisation et aux marchés mondiaux. C’est la raison pour laquelle il a fondé le BSI (le Bureau Socialiste International). Le 14 juillet 1914, il échange avec Karl Liebknecht. Pacifiste convaincu, Jaurès ne cache pas son extrême inquiétude devant la guerre qui se profile à l’horizon. Il est convaincu de pouvoir l’éviter. D’ailleurs, dans son discours à la Chambre des Députés du 17 juin 1913, il avait exhorté ses pairs à choisir la voie de la paix définitive. Tout cela dans le but de garantir une civilisation supérieure où la démocratie et la liberté sortiront vainqueurs. Y parviendra-t-il ? Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il ne lui reste plus que 15 jours à vivre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Vercingétorix, Charlemagne et Philippe le Bel, la collection Ils ont fait l’Histoire met le cap sur l’histoire contemporaine avec la vie de Jean Jaurès. Celui qui a donné son nombre d’écoles de notre chère République était un républicain convaincu, connu pour divers faits d’armes. Dans la grève des mineurs de Carmaux, il soutient les grévistes contre le gouvernement qu’il estime être à la botte de la finance et de l’industrie. Dans le cadre de l’Affaire Dreyfus, il se distingue par ses prises de paroles en faveur de l’officier juif (bien qu’il fut convaincu au début de la culpabilité de l’homme). Jean-David Morvan et Frédérique Voulyzé ne s’attardent pas sur ces épisodes glorieux de Jaurès. Ils préfèrent se focaliser sur son dernier combat, celui qui le mènera à sa perte : éviter la guerre à tout prix, face à un nationalisme français de plus en plus fort. À l’image du grand orateur, les scénaristes font la part-belle au verbe de Jaurès en utilisant ses discours puissants, prêts à soulever des foules. Les dialogues (ou plutôt les monologues) sont denses et nécessitent pour le lecteur de commencer par les annexes en fin d’ouvrage, en lisant la bio de quatre pages (et le making-of de trois). Un grand coup de chapeau également au dessin de Rey Macutay qui se fait un relais de classe au style Belle Époque. Son trait façon gravure (curieusement pas trop figé, comme on peut le voir dans la scène réussie de l’assassinat) restitue l’ambiance de cette période à l’aube d’un conflit qui fit 19 millions de morts. Un album essentiel pour bien comprendre un personnage devenu, dans les discours politiques actuels, de toutes obédiences, une référence aux côtés de Gaulle. Cerise sur le gâteau, la première édition est enrichie d’un joli cadeau : la première Une de l’Humanité au format affiche !
