L'histoire :
Quelque part dans les plaines désertiques d’Andalousie, au moyen âge… Un chevalier d’origine européenne, Guido, est poursuivi par plusieurs cavaliers chrétiens. Alors que le combat tourne à son désavantage, il est alors providentiellement défendu par un groupe de musulmans. Néanmoins, il continue de se débattre et tue un de ses sauveurs. Assommé et ligoté, il est présenté au puissant calife Abdu Al Khayr. Ce dernier lui somme de s’expliquer, mais Guido demeure silencieux. Il doit alors la vie sauve à l’intervention de la sœur du Calife, la belle Salima, tombée sous le charme de cet étranger insoumis. Et puis… le Calife aime à percer les secrets des caractères mystérieux comme le sien. Abdu Al Khayr l’emmène donc en pèlerinage, un long voyage qui passera par Jérusalem, puis la Mecque. Cependant, durant la traversée qui les ramène sur le continent africain, leur navire essuie une violente tempête et fait naufrage. Dans le tumulte des eaux noires, Guido sauve le Calife de la noyade, en le ramenant sur un radeau. Quand Guido revient à lui, il se trouve sur un rivage désertique en compagnie du Calife et de Salima. Ils poursuivent tous trois leur périple, à pied, assoiffés. Ils trouvent alors à se requinquer dans une oasis et doivent faire face à une groupe de berbères, des nomades ayant la réputation d’être des sauvages sanguinaires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rares sont les one-shot au sein de la collection Vécu, catalogue accueillant d’ordinaire des aventures historiques au long cours, en moult épisodes. De même, étonnant périple que celui-ci, scénarisé par le prolifique Richard Marazano et dessiné par le doué Patrick Pion. Le titre est on ne peut plus majestueux… et lourd de sens : Jérusalem ! Il laissait envisager un récit à la fois dense et universel, pouvant diversement aborder l’Histoire, l’aventure, la religion, la politique… Il est toutefois difficile de cerner les différentes lectures possibles de l’album, assurément bourré de symbolique (Marazano n’est pas du genre à se la couler douce). Au premier degré, on suit le périple d’un chevalier chrétien et d’un calife musulman, lors d’un pèlerinage mouvementé. Ils sont initialement antagonistes, puis finissent par s’apprécier, après avoir surmonté ensemble un naufrage et une longue escapade en plein désert. Message de tolérance ? Si c’est le cas, c’est un peu léger. Parenthèse historique ? Certes… Passée la couverture, magnifique, Patrick Pion livre un dessin réaliste plus abordables que ses derniers délires (Moloch Jupiter Superstar, Mégaron ou l’osé et Extravagant monsieur Pimus !). Cadrages et découpages sont parfaitement maîtrisés, tandis que le rendu final pèche toujours un peu au niveau de la finition. On ne perce finalement jamais complètement le passé des personnages, ni leur desseins, et encore moins le propos véhiculé par leur aventure. A l’image de la dernière planche, muette et sibylline, on ressort partagé de la lecture…