L'histoire :
Au cœur du lac Kariba, deux hommes, Tongai et Rock, naviguent à bord d’une pirogue à la recherche d’un fabuleux trésor. Alors que Rock monologue et se promet de ne plus jamais accompagner son ami en cas de survie, Tongai localise l’entrée de là où « les cornes du buffle brisent les chutes ». Il arrive ensuite à motiver son ami et tous deux rament de toutes leurs forces pour traverser la cascade. De l’autre côté, les deux hommes localisent la seconde entrée « la lumière de la lune » puis découvrent « Rhutapa le royaume caché », une magnifique montagne au milieu de nuages et d’autres chutes d’eau. Foulant les terres sacrées du lieu, Tongai et son acolyte entendent des sanglots au loin. Ils s'en approchent et tombent nez à nez avec un nouveau-né perdu au milieu des roseaux ! Onze ans plus tard, ce bébé est devenu une jeune fille du nom de Siku et c’est Tongai qui s’occupe de son éducation. Un jour où son père lui permet de se balader seule à bord de la pirogue le long du fleuve Zambèze, Siku entend des appels au secours. Elle repère un homme faisant de grand signe dans sa direction. Alors qu’elle s’approche de lui, il perd connaissance. Elle plonge pour le sauver et l'emmène à son embarcation. À demi-conscient, l’homme insiste pour qu’elle récupère également son sac. Ensuite, Siku le ramène rapidement auprès de son père. Au moment où Tongai découvre que l’homme est un trafiquant d’ivoire, les éléphants – qui ont retrouvé sa piste – se préparent à passer à l’action…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ouverture d'album, les auteurs Daniel Clarke, James Clarke et Daniel Snaddon précisent directement que si leur œuvre s’inspire de faits historiques – à savoir la construction du barrage de Kariba, il s’agit bel et bien d’une fiction qui emprunte autant à l’Histoire qu’à la mythologie sud-africaine. Or dans cette ambiance où les tribus vivant en Zambie et Zimbabwe sont délocalisées voire chassées par les industriels français, anglais et italiens qui se chargent de construire le barrage, les « pouvoirs » de la jeune Siku seront le sujet de toutes les convoitises. Certains voient en elle un danger et d’autres une bénédiction, car elle serait capable, selon la légende, de réveiller le grand esprit de la rivière « Nyaminyami ». Or contrôler cet esprit pourrait permettre de détruire le barrage et faire fuir l’homme et son esprit colonisateur, tout comme il pourrait être destructeur pour les villages. D’une durée de plus de 220 pages, cette aventure intéressante pose efficacement les bases et les enjeux en nous faisant suivre les nombreuses péripéties de l’héroïne qui trouvera sur sa route autant d’alliés que d’ennemis. Alors certes, il y a quelques longueurs par moments, ne serait-ce que parce qu’il y a des passages qui donnent l’impression de revenir en arrière, mais globalement le scénario est très plaisant à lire et Siku devient de plus en plus attachantes au fil des pages. Au dessin, c’est là aussi très agréable, notamment grâce à l’originalité du découpage. En effet, James Clarke n’hésite pas à casser les codes des cases, passant d’un format classique à un format ondulé lorsque l’histoire se déroule dans l'eau, ou encore à une totale absence de case lorsqu’il s’agit des rêves/visions de l’héroïne. Les magnifiques décors et les charismatiques protagonistes ne sont pas en reste. Imparfait donc, mais pas dénué d’attraits pour autant, ce récit aurait sans doute gagné à être plus court…