L'histoire :
Mia explique qu’elle n’est pas douée pour les mots. Partie sur un coup de tête, elle vient de déposer sa démission d’un boulot qu’elle déteste. Elle fait la fête avec son ami Tito, rencontre Nicola et parle de sa colocation, de Bologne, de la vie qui passe à toute vitesse dans une fête perpétuelle. Son chéri, Manuel, plutôt doué pour les mots, lui reproche ce départ précipité d’un boulot ingrat, certes, mais qui paye les factures, et leur permettrait de quitter cette colocation d’étudiants pour construire de vrais projets ensemble. Ayant essuyé plusieurs refus de maisons d’édition, il rédige un roman en ligne. Là, au moins, il trouve son public. Son histoire d’amour sur fond médiéval suscite l’intérêt. Le couple est tendu. Mia se rappelle les débuts, heureux, et ne comprend pas comment ils en sont arrivés là… L’insouciance des premières années s’en est allée. Ils ont arrêté de se regarder comme autrefois. Mia a envie d’autre chose, de s’amuser. Manuel lui, veut soutenir leurs projets : vivre ensemble dans un appartement rien qu’à eux. Pour lui, écrire, pour elle, sculpter, se marier… Entre envies, projets, réalité et mises à l’épreuve, parviendront-ils à trouver la juste mesure avant de se poser ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Les générations et la quête identitaire de Matteo, nous retrouvons avec plaisir Flavia Biondi dans une toute autre recherche de repères, ceux du couple formé par Mia et Manuel. Le couple et son alchimie, qu'un grain de sable peut vite faire vaciller. La somme des envies des deux, pas toujours concordantes. Un regard qui change, une perte de confiance et la tentation qui se présente pour se sentir vivant et vibrant. La prise de conscience, la reconnaissance des torts de l’un et de l'autre. L’impératif dialogue pour avancer. Les préoccupations professionnelles qui nous font parfois nous éloigner. Cette Juste mesure peut s’entendre de plusieurs façons : d’une part, les projets envisagés et le principe de réalité ; d’autre part, un savant dosage, de souffrance et de plaisirs, une recherche constante d’un équilibre entre tension et désir. Flavia Biondi met en avant tout cela avec la délicatesse et la finesse qui la caractérisent, dans un scénario limpide mêlant à la fois la réalité du couple et son image à travers le roman médiéval rédigé par Manuel sur l’amour courtois. L’équilibre entre réalité et fantaisie. Cette histoire prend vie sous son trait graphique caractéristique en noir et blanc, nuancé de gris. Un thème classique, certes, mais toujours aussi finement traité, avec la même densité maîtrisée que dans Les générations. Flavia Biondi sait rendre ses personnages attachants et mettre en avant toute la complexité de la nature humaine. Un canevas dont elle a le secret et qui en fait une réelle performance scénaristique, que nous saluons à chaque opus.