L'histoire :
Dans la forêt hivernale, Baptiste et Bayac se promènent armés de fusils. Ils évoquent un loup venu des Alpes et qui est dans le coin, en terre du Gévaudan. Baptiste entend un bruit, ça vient de la tourbière de la Vergne Noire. Bayac se dirige dans sa direction. L’occasion est trop belle pour Baptiste, qui abat froidement son compère, comme une bête, pour une bonne raison : Bayac a couché avec sa femme. Les chiens de Baptiste le dévorent. Monts d’Aubrac, des années plus tard. Antoine, photographe, explore les paysages et prend des clichés des tourbières de la Vergne Noire. Il se laisse envahir par ces terres chargées d’inconnu et de mystère. Surpris par la nuit et le brouillard, il trouve refuge dans un gîte rural tenu par Baptiste et sa fille Mélodie. L’ambiance est très étrange et froide, depuis la mort de Marie, la mère de Mélodie. Baptiste est aux aguets, il sent une présence dehors : une âme damnée qui revient d’entre les morts. Antoine le prend pour un fou. Le dîner terminé, Antoine remonte dans sa chambre. Angoissé, le jeune homme peine à trouver le sommeil. La porte de sa chambre s’ouvre. Mélodie en nuisette légère surgit, s’avance et commence à se déshabiller…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès le départ, les mots de Guy de Maupassant plantent le décor : « Les ténèbres étaient profondes. Je ne voyais rien devant moi, ni autour de moi et toute la branchure des arbres entre-choqués emplissait la nuit d’une rumeur incessante. Enfin, j’aperçus une lumière ». Les Tourbières noires sont une libre adaptation de la nouvelle La peur. Dans le texte originel, un homme raconte sur un bateau, les deux épisodes de sa vie où il a rencontré la peur, la vraie, celle qui glace le sang. Christophe Bec qui, pensait-on, avait rangé ses crayons de dessinateurs pour se consacrer aux scenarii, réinterprète ici le texte de l’auteur du Horla. C’est son grand retour en tant qu’auteur complet ! D’emblée, on est saisi par l’ambiance inquiétante qui règne sur ces terres hostiles chargées de mystères. Des lieux familiers, pour Bec, qu’il avait déjà exploitées pour son excellent diptyque Royal Aubrac. Une fois de plus, Bec capture l’attention avec ce huis clos se déroulant dans un gîte perdu au milieu de nulle part. Avec le jour qui tombe, les secrets des évènements passés remontent à la surface. La nuit les révèle au grand jour. Le dessin précis et minutieux, ultra-réaliste de Bec, retranscrit parfaitement cette atmosphère digne d’un thriller. Au fur et à mesure, la peur gagne… à qui la laisse entrer.