L'histoire :
Lino Ventura sort de sa chambre d'hôtel à Paris et tombe nez à nez avec un homme à l'allure de détective privé dans le hall. Ce dernier l'interpelle et se présente. Il s'agit de Merlin, journaliste qui cherche à faire un article sur lui. Devant cet hurluberlu, Lino dont la pudeur est légendaire feint d'être pressé, car il a un avion à prendre. Le journaliste le colle aux basques et lui propose de converser sur le chemin de l'aéroport. A ce moment, Lino commence à se livrer. Pour lui, il n'est pas acteur, mais il a fait acteur. La nuance est fine, mais importante à ses yeux. D'ailleurs, il ne colle jamais une étiquette sur une personne par son métier. Bref, il a fait acteur et c’était vraiment un fruit du hasard. A l'époque, une vilaine blessure l'avait contraint à arrêter de pratiquer le catch et il était manager. Un de ses amis avait parlé de lui au producteur Jacques Becker, qui cherchait un acteur de type méditerranéen avec un physique impressionnant pour jouer aux cotés de Jean Gabin dans le film Touchez pas au grisbi. Le producteur lui propose 100 000 francs français pour assurer le rôle. Lino ne voulait pas faire ce job et lui fait donc une contre-proposition trop indécente pour que le producteur accepte. Il demande en effet un million de francs français. Malgré les réticences du producteur et devant l'aplomb de l'italien, Jacques Becker accepte et Lino est engagé. Son charisme naturel et sa façon d’apparaître à l'écran feront de lui une star du 7ème art.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malheureusement, il n'y a pas de réplique qui colle à la peau de Lino Ventura comme le fameux « T'as de beaux yeux, tu sais ? » de Jean Gabin à Michèle Morgan (Quai des brumes, 1938). C'est d'ailleurs Jean Gabin qui dira, lors de sa première rencontre avec Ventura, « il est fort, ce rital ». Il avait repéré en quelques secondes qu'aura duré le salut entre les deux hommes, le charisme de l'Italien. Lino Ventura sera cantonné au début de sa carrière aux rôles de méchants et de gros bras. Mais il cassera ensuite cette image en choisissant lui même ses scénarios, avec plus ou moins de réussite, mais une seule conviction : il devait croire au scénario. Avec ce premier tome de la nouvelle collection 9 ½, les éditions Glénat lancent l'hommage de la bande dessinée au grand écran. La série a pour leitmotiv de faire découvrir la personnalité de l'homme sous le masque du comédien. Les deux auteurs, Arnaud Le Gouëfflec au scénario et Stéphane Oiry au dessin, réussissent à rendre cette biographie très fluide et intéressante. Le choix d'une entrevue avec un reporter un peu farfelu et maladroit rend le récit percutant. On imagine très bien cette force de la nature qu'est Lino Ventura rentrer dans le cadre, verbalement parlant, du reporter maladroit, dans les propos qui servent grandement la personnalité de l'acteur. Le dessin est précis et réaliste, la colorisation est plutôt vintage ce qui sert également l'histoire et l'époque. Même si vous n’êtes pas fan des films ou que l'acteur ne vous dit rien, ouvrez ces pages pour découvrir l'homme pudique et simple qui a totalisé 130,2 millions d'entrées dans toute sa carrière sur le territoire français (excusez du peu).