L'histoire :
Palais du Louvre, le 10 mars 1661. Louis XIV a convoqué tous les secrétaires d’état. Il les informe qu’à la suite du décès du Cardinal Mazarin, son tuteur, il prend les rênes de la France. Sur son lit de mort, le 8 mars, au château de Vincennes, le Cardinal a adoubé le jeune monarque. L’ecclésiastique ne s’est jamais remis de l’incendie de ses appartements du Louvre, un mois auparavant. Sur son lit de mort, Mazarin conseille au Roi de s’adjoindre les services de Colbert. Il l’adoube en tant que futur monarque, car il voit en lui la capacité de diriger la France et bien plus encore. Mazarin conseille aussi à Colbert de travailler avec Fouquet, même si ce dernier à une fâcheuse tendance à confondre deniers publics et fortune personnelle. Dans les appartements du palais du Louvre, Louis XIV échange avec sa mère Anne d’Autriche. Il mesure l’ampleur de la tâche qui l’attend. Le cardinal savait habilement jouer avec l’équilibre des forces en présence (Parlement, noblesse, financiers, états provinciaux). Désormais, comme il l’exprime devant les secrétaires d’État, tout devra passer par lui. Rien ne doit être signé sans son consentement. Pour s’affirmer comme grand monarque, le Roi va devoir canaliser ses peurs. Il est marqué par la Fronde du 6 janvier 1649. Alors âgé de 10 ans, il avait dû fuir précipitamment un Paris révolté, en compagnie de sa mère, Anne d’Autriche. Direction le Château vieux de Saint Germain en Laye…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Considéré comme l’un des plus grands souverains que la France ait eu, Louis XIV commença son règne avec précocité : il avait 5 ans. C’est 13 ans plus tard, après la mort de Mazarin, son tuteur en quelque sorte, que Louis XIV commença son véritable règne et ce, durant plus de 50 ans ! On a l’image d’un Roi léger et précieux qui ne pense qu’à s’amuser, à s’habiller ou à construire de beaux châteaux. Cet album montre toute les facettes : grand chef de guerre (bataille de Rocroi), protecteur de la France (construction des Tours Vauban), chasseur hors pair, amoureux de la culture (la Manufacture des Gobelins). Pourtant, il doit se plier à l’ordre établi lorsqu’il est obligé d’interdire la pièce de Molière Tartuffe ou L’imposteur (pièce qu’il adorait et dont on dit qu’il en souffla l’idée à Molière !). On croise même ici son fidèle d’Artagnan, un homme en qui il avait une confiance royale ! Il faut dire qu’il a su bien s’entourer avec Colbert et évincer les boulets comme Fouquet (qui lui inspira Versailles avec son Vaux-le-Vicomte). Un roi visionnaire qui voulait concurrencer les Anglais et les Hollandais dans le domaine du commerce maritime (flotte équipée de canons pour repousser les flibustiers). Ces nombreux épisodes sont relatés avec brio par Jean-David Morvan et Frédérique Voulyzé, à la manière d’un thriller avec, au cœur de la narration, le Roi. Sa face cachée n’est pas occultée. Le traumatisme de l’épisode de la Fronde est mis en scène comme un élément-clé de sa personnalité, à l’aide de flashbacks bien intégrés dans le récit. La bonne surprise ne s’arrête pas là : le choix de Renato Guedes au dessin s’avère judicieux. Le brésilien vient du comics (Avengers, Superman, Wolverine…) et son style se montre époustouflant de justesse, graphiquement. Un auteur à suivre… dans le deuxième tome consacré au Roi Soleil !