L'histoire :
No Pasaran : Max Fridman coule une retraite paisible à Genève, après s’être battu sur le front espagnol du côté des Républicains. Cependant, une femme, Ada Treves, vient lui rendre visite pour lui demander de l’aide : elle n’a plus de nouvelles de son mari, major des forces Républicaines, et elle a un mauvais pressentiment. Max Fridman doit donc retourner sur les lieux où il s’est battu et où il a été blessé au bras. Sur le trajet, il fait la connaissance d’une équipe de journalistes et sympathise avec la belle Claire, qui rêve de découvrir la réalité de la guerre. Arrivé à Barcelone, Max se rend compte que la disparition de son ami Treves est certainement plus grave qu’il ne pensait.
Rio de Sangre : La piste que suit Max pour retrouver le major Treves le mène au front où les Franquistes tentent de forcer les lignes républicaines. Max parvient à obtenir un laissez-passer en suivant l’équipe des journalistes. Il remonte ainsi sur les traces de son passé et redécouvre à nouveau les horreurs et dangers de la guerre. Claire, elle, veut absolument être au plus proche du feu. Elle rêve de devenir l’égal des grands reporters, tels le photographe Capa ou l’écrivain Dos Passos. Elle ne s’attend pas à affronter la peur et la souffrance. Max tente de la protéger et son enquête piétine.
Sin ilusion : De retour à Barcelone, Max est pris au piège : des tueurs le pourchassent et la « Seguridad », la police locale, se sert de lui comme appât pour coincer les dangereux dissidents. Max n’a donc pas le choix : il ne peut plus partir et doit trouver les responsables de la disparition de son ami sous peine de perdre la vie. Claire s’attache à lui et lui propose son aide. Plus l’affaire Treves s’éclaircit, plus Max se jette dans la gueule du loup. La disparition du major est liée à de sombres affaires politiques et les coupables sont des gens hauts placés. Cependant, Max n’est pas au bout de ses surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Glénat réédite en un épais volume une trilogie du détective Max Fridman. Ce personnage à barbe rousse, au chapeau feutre et à la pipe, apparaît pour la première fois en 1982 dans Rhapsodie Hongroise. Cette trilogie liée à la guerre d’Espagne paraîtra initialement de 1999 à 2008. En trois épisodes, Vittorio Giardino nous montre l’étendue de son talent. D’une classique intrigue policière au départ (une disparition), Giardino joue sur tous les « fronts » : intrigue policière, manipulations politiques, aventures, récit de guerre, histoire d’amour… Le personnage de Max Fridman, héritier graphique du célèbre Mortimer, se retrouve embourbé dans une sombre histoire de lutte idéologique et de sacrifice humain. A travers un suspense prenant et une enquête policière haletante, l’auteur nous décrit un épisode de l’Histoire peu souvent détaillé en bande dessinée : la guerre d’Espagne. Le deuxième tome est ainsi une occasion de décrire le front d’Espagne en 1938 et Giardino n’a pas son pareil pour dépeindre les tensions politiques entre les différents partis de l’époque (Républicains espagnols, communistes russes, Résistants français…). A travers de nombreux portraits de soldats et d’officiers, la reconstitution historique de ce conflit est passionnante. Dans le même temps, Max doit se changer en fin limier pour trouver des pistes et échapper aux meurtriers et à la police : le puzzle se recompose petit à petit et les fausses pistes s’enchaînent. Le final est comme il se doit : plein de surprises ! N’oublions pas non plus la belle histoire d’amour entre Max et Claire, tout en retenue et en non-dits. Là encore, le final réserve un dénouement plein de finesse et de psychologie. L’art narratif de Giardino s’accompagne d’un dessin très épuré et efficace. Héritier de la ligne claire, Giardino dessine avec justesse les traits humains, le tout agrémenté de couleurs douces. Ce récit est une plongée fascinante dans l’Histoire mais aussi une remarquable histoire policière menée de main de maître. Riche idée que de l’avoir réunie dans cette intégrale…