L'histoire :
En 1922, Staline est le nouveau secrétaire général du parti communiste. Une conversation dans le bureau de Lénine va marquer une étape supplémentaire de la tension entre les deux hommes. Il faut juguler les tentations autonomistes en Arménie, en Géorgie et en Azerbaïdjan, afin que l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques puisse s'étendre. Staline va s'en charger. Il insiste sur la confiance que Lénine doit lui accorder. Mais des différents sur les précédentes actions du secrétaire général apparaissent. A la fin de la même année, Lénine est très affaibli par la maladie. Staline va en profiter pour progressivement organiser le parti à sa guise, écartant tous ceux qui ont pu lui faire de l'ombre. Trotski est à l'étranger, la figure charismatique du tribun ne peut plus lui nuire. Il va alors lancer une course folle à la modernisation du pays, en bouleversant l'agriculture vers un système collectif de production, principalement destiné à permettre des exportations et à financer l'achat d'équipements. Des paysans réduits à la misère sont accusées d'être contre-révolutionnaires s'ils veulent conserver une partie de leurs biens. Des régions connaissent des famines, cachées à l'opinion publique dans le reste de l'URSS et dans le monde. Deux décennies s'ouvrent pendant lesquelles la population va vivre une des périodes les plus sombres de son histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quelle fascinante leçon d'Histoire que cette progression inéluctable vers un régime de terreur, des procès caricaturaux, des massacres de masse, sous la conduite d'un homme qui semble animé autant d'une conviction aveugle que d'une pure soif de pouvoir. L'historien Nicolas Werth, le scénariste Vincent Delmas et Christophe Regnault au story-board ont fait un travail épatant. Ces quelques années de l'histoire de Staline incluent des éléments personnels, des moments de solitude à travers lesquels les auteurs essayent de faire comprendre la folie dictatoriale de celui qui dirigea le régime soviétique pendant plusieurs décennies. Le propos n'est pas particulièrement politique, et c'est encore un point fort. La folie autoritaire incarnée par Staline semble n'avoir pas réellement de bord politique. Le dessinateur Fernando Proietti anime son personnage avec une aisance toute italienne, un trait réaliste délibérément chargé qui ne semble jamais s'inspirer de photos historiques. Beaucoup de facilité pour ce jeune artiste qui contribue énormément à une lecture aisée. On espère que les prochains volumes de la collection Ils ont fait l'Histoire seront à la hauteur de cet opus, très clair sur le plan historique, et mis en scène avec une vraie approche scénarisée. Du bon boulot, camarades !