L'histoire :
Depuis que ses parents archéologues sont morts au court d’un accident étrange dans les catacombes de Paris, alors qu’elle était toute petite, Agnès vit avec sa grand-mère. Contrairement à cette mamie qui est souvent joviale, Agnès est de caractère renfermé, taciturne, mais pas timide. Agnès sait ce qu’elle veut et ses envies sont souvent différentes de celles des autres. Elle a aussi compris qu’il ne servait à rien de demander pourquoi toutes les photos du défunt papy sont déchirées. On ne lui répondrait jamais. Autant dire que lorsque la maîtresse réclame une rédaction sur la conception de la famille, Agnès n’a pas du tout envie d’en parler. Alors elle préfère imaginer une théorie incroyable sur la disparition de ses parents. Une histoire de kidnapping par des hommes coiffés de cagoule noire… Plus tard, vient le moment d’un stage en entreprise. Là encore, les envies d’Agnès sortent de l’ordinaire – elle aimerait être dompteuse de cirque ou réanimatrice de corps défunt, façon Frankenstein. La conseillère d’orientation lui propose finalement un stage dans une boutique de lingerie pour femmes bourgeoises. Madame Irma, la commerçante, est distinguée et se comporte avec mille minauderies, ce qui énerve prodigieusement Agnès…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce premier tome sur 3 prévus, la finlandaise Kati Närhi fait avant tout le portrait d’un profil psychologique aussi rigide qu’austère. Agnès aime espionner les gens. Agnès s’insurge contre les minauderies et la bourgeoisie. Quand elle tombe amoureuse, Agnès ne se reconnait plus et elle s’arrange donc pour ne plus l’être. Bref, la petite Agnès qui est dépeinte est typique de la gamine taciturne et frustrée de la vie, pas exactement introvertie, mais trimbalant en elle une forme de violence, de revanche à prendre sur un monde avec lequel elle n’est pas en phase. A travers le dessin moderne et stylisé en bichromie de bleu (une teinte froide, évidemment), elle est limite gothique dans la représentation graphique qui en est faite avec ses cernes noirs sous les yeux et sa propension à toujours tirer une tronche de trois pieds de long. On peut dire que Nërhi fait le tour complet de ce périmètre psychologique précis et peu engageant. Cette définition exhaustive de caractère se dévoile au gré de chapitres de longueurs et de tons très variables, pour relater divers moments, ni drôles ni percutants. S’ensuit alors la découverte des racines familiales torturées d’Agnès, et ces révélations semblent être l’intrigue centrale de la BD. Un fil directeur à confirmer dans les deux prochains volumes au programme…
