L'histoire :
Joseph et Olga Ginsburg ont fui la révolution Russe pour venir en France, pays de la liberté. Ils auront deux filles et un fils, Lucien, né en 1928. Le père est pianiste, mais son dada c'est la peinture. La mère est chanteuse. Quant à Lucien, il navigue entre les deux arts hérités de ses parents. A 12 ans, on lui accroche l'immonde étoile jaune qui désigne les juifs. Les métiers artistiques leur étant interdits, la famille passe en zone libre, où ils se font appeler Guimbard. Les deux sœurs sont cachées dans un couvent et Lucien est recueilli chez les Jésuites, où il passe d'emblée 3 jours et 3 nuits seul, en pleine forêt. A la libération, ils reviennent à Paris. Lucien décide d'abandonner les études, deux mois avant de passer le baccalauréat. Son père pique une colère noire, mais Lucien lui répond avec flegme : « Je veux être peintre »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dire que Serge Gainsbourg fut un artiste majeur de la musique francophone du XXème siècle est un poncif. En toute logique, quelques BD lui ont déjà été consacrées. On pense à Les chansons de Gainsbourg, Volutes 1 à 3, ou encore à l'album d'illustrations de Joann Sfar, publié dans le même temps que son film Gainsbourg, vie héroïque sortait. Ce Gainsbourg là, c'est un peu une biographie en 70 planches (pas dégueues, comme il aurait pu dire). De son enfance à sa mort, on devient le témoin des évènements marquants de sa vie. Ses relations amoureuses, bien sûr ses albums, ses échecs artistiques et la façon dont il a rebondi, parfois avec cynisme. Les purs fans n'y apprendront pas forcément grand-chose, mais ils seront touchés par l'hommage, qui introduit ce qu'il faut de poésie pour jouer de métaphores. On peut aussi souligner le fait que ce portrait ne se limite pas au musicien et chanteur. Ses films y sont évoqués, sans complaisance, puisqu'ils furent des bides en terme d'entrées, mais aussi son inoubliable roman Evguénie Sokolov. Ses frasques médiatiques ont aussi leur place : le billet de 500 balles brûlé à la télé, les paras venus lui casser la gueule en pleine tournée d'Aux armes et cætera et qu'il finit par mettre au garde à vous en chantant l'hymne français, son ahurissant « I want to fuck you » lancé à Whitney Houston sur le plateau de Michel Drucker et sa détestable attitude avec Catherine Ringer. Bref, un portrait réussi et complet. A noter, le beau carnet d'exquises esquisses qui clôture l'album. Si vous avez aimé le mec, vous aimerez aussi ce bouquin qui lui est consacré.