L'histoire :
Le Duc Bastard, surnommé outre-manche Duck Bastard, ne doit pas son titre à une noble succession. Héritier d'une lignée douteuse, une seule certitude s'impose : son rang n'est pas issu du droit héraldique. Aussi, bien des histoires courent à son sujet. D'aucuns prétendent qu'il s’accapara, par d'obscures manœuvres, certaines terres d'Auvergne, en en faisant son fief. D'autres prétendent à l'inverse, qu'étant partout chez lui, il ne possède rien, d'où son surnom de Sans-Gloire. Depuis ce jour, il arpente son domaine en pointillés, ergotant à qui veut l'entendre les histoires fabulées de sa dynastie imaginaire. Malgré quelques rumeurs persistantes, nul ne se risque pour autant à la calomnie, car il n'est pas rare d'apercevoir sur ses terres le bec pointu d'un curieux mire. Cet étrange médecin n'a ni corps ni visage, mais il a un nom : le Docteur Schnabel von Hölle. Sa curieuse silhouette se déplace en silence et, au travers de ses bésicles, il scrute et observe, contemplatif, les campagnes vallonnées. Si l'on ne trouve pas de trace de témoignage pouvant localiser son officine, certains prétendent avoir été approchés par lui...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Duc Bastard, ou encore Duck Bastard, alias Gabriel Pissondes, est un jeune artiste dont le dada est le pointillisme. Animateur de la scène associative à Clermont-Ferrand, il signe ici une monographie dont l'esthétique est remarquable. Les tribulations de ce très mystérieux Docteur, qui porte en son dessin tout le mystère de la vie et de la mort, composent ainsi une histoire que chacun pourra interpréter à sa façon, puisqu'il s'agit d'un assemblage de 24 illustrations. Des estampes, qui empruntent à la fois à l'iconographie médiévale et aux compositions qui font la beauté des gravures. Duck construit ainsi un monde intrigant, osons même le dire, fascinant pour celui qui aime à s'attarder sur les détails, alors que la composition est toujours d'une grande lisibilité. Le trait est clair, mais il côtoie l'obscur des noirs à la fois profonds et dégradés. Rien n'est gris, l'espace se décomposant toujours à travers la nuance naissant du mariage de l'ombre et la lumière. Le recours aux symboles est permanent : le canard succombe au dragon, les astres rayonnent ou obscurcissent l'horizon des mortels, la femme est la figure du désir et de la fertilité, devenant par ailleurs, dans d'autres « tableaux », l'objet fixateur des pulsions de mort. Mais que l'on ne s'y méprenne pas : s'il se dégage une sombre poésie, l'artiste ne verse jamais dans le glauque ni le morbide. La mort se meurt est un ouvrage d'exception. Dans son contenu donc, mais dans sa forme en elle même. L'objet est rare et ravira les amateurs de beaux livres : 150 exemplaires numérotés, façonnés à la main, avec une reliure japonaise, pour 48 pages sur papier-bible, au petit format (117 X 142 mm). La maQuerelle, éditeur rennais aux méfaits qui s'étendent jusqu'à la musique, a donc confectionné avec amour ce petit bijou confidentiel. Avis aux collectionneurs !