L'histoire :
Le docteur Sharma en avait fait la découverte, mais personne ne l'avait cru, d'abord. Puis personne ne l'avait écouté, parce que la Terre était secouée par des cataclysmes en chaîne. Et puis, finalement, c'est arrivé : les hommes ont disparu. Bien des années plus tard, un village de femmes se reconstitue. Elles ne se demandent pas comment faire sans les hommes, car elles sont de toute façon plus ou moins bi. Leur leader s'appelle Gaia, une jeune femme passionnée aux cheveux clairs, qui revendique sa nudité. Elle va devenir la mairesse du village et guider ses amies dans la construction d'un hôpital, bientôt occupé par une doctoresse aux seins disparus. Ina, jeune femme poétesse exaltée, est triste car la femme qu'elle aime, Layla, file un amour tumultueux mais solide avec Lara : elles tournent tout en dérision. La jeune Yumi fait des crises d'angoisse. Elle a du mal à gérer ses émotions. L'enfant Emiko, Elle, apprend la vie avec la doyenne, Ulaana. Lors d'assemblée générales, Gaia informe et consulte ses administrées. La première question est difficile : quel sera l'emblème de leur village ? Après des débats houleux, ce seront les cuisses de Beyoncé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aminder Dhaliwal, autrice canadienne, livre ici sa première BD. Un pavé de plus de 200 pages, qui se lit très facilement. Elle a fait le choix d'une narration cohérente, une histoire qui évolue autour d'une petite dizaine de personnages principaux. Elle avance toutefois par gags, d'une ou deux pages. Le rythme est vif et rapide, le ton est doux-amer, avec des blagues drôles, iconoclastes, mais aussi des petits clins d'œil philosophiques. C'est fin et intelligent, bienveillant et positif. L'énergie qui se dégage des planches de Dhaliwal réchauffe le lecteur, le mérite en revient à l'excellente traduction de la talentueuse Clémentine Beauvais, chercheuse en sociologie de l'enfant et autrice de littérature jeunesse, mais aussi au trait simple et fin de Dhaliwal, qui est d'une grande efficacité. Les héroïnes sont attachantes, bien finies, et l'autrice enfonce régulièrement des lames dans leurs certitudes, dévoile au lecteur leurs faiblesses ou les met dans des situations qui permettent de réfléchir à la société. Un discours intelligent qui pousse à l'ouverture d'esprit. Salutaire.