L'histoire :
Le 29 avril 1792, une panique s’empare des habitants et des soldats en poste dans le petit village de Marquain, près de Lille. En effet, la guerre bat son plein, or on annonce l’arrivée massive et imminente des autrichiens. Un cavalier dragon appelé Pierre-Marie Dragon en profite pour une énième forfaiture : tirer dans la cuisse de son propre général, qui s’apprête à mener les hommes à la boucherie. Hélas, le dragon Dragon rate son coup et touche son général en pleine poire. Mort sur le coup. Avant d’être repéré, il se sauve en compagnie de son jeune second, Anselme. Sans scrupule, ils passent la nuit dans un taillis, avec du bon vin et un barbecue… puis s’adonnent à leur plaisir sodomite. Le lendemain, ils reviennent à la caserne, où le capitaine attend Dragon pour lui coller un bon coup de pied au cul. Le dragon Dragon tente une explication aussi lytique qu’héroïque à sa courte désertion… mais le capitaine sait parfaitement qu’il a flingué le général Dillon et qu’il mérite la potence. Néanmoins, Dragon a plus d’un argument dans son sac et il retourne la discussion à son avantage, menaçant le capitaine de révéler ses penchants pédérastes. Le roublard Dragon s’en tire une fois de plus. Et ça n’est pas fini : le lendemain, il est félicité en séance plénière par le général Dumouriez en personne pour sa bravoure. Dumouriez connait parfaitement la perfidie et la nature de Dragon, mais il a besoin de lui pour une mission subtile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers le premier tome des mémoires (fictives) d’un cavalier dragon couillonnement appelé Pierre-Marie Dragon, Nicolas Juncker et Simon Spruyt font une relecture originale et osée de la bataille de Valmy (20 septembre 1792). Pour rappel historique, cette bataille décisive contre les forces armées de la monarchie prussienne voisine fut miraculeusement favorable aux révolutionnaires français. Elle permit de proclamer l’abolition de la monarchie en France et de lancer la 1ère République. Juncker imagine que la version retenue par le roman national a été quelque peu magnifiée sous un jour héroïque… mais que la réalité fut toute autre : cette victoire aurait été magouillée, comme on truque les matchs de boxe, entre hauts-dirigeants francs-maçons et sodomites. L’instrument de cette magouille se personnalise sous les traits du dragon Dragon, un fieffé roublard, obsédé du cul (qu’il soit masculin ou féminin), débarrassé de tout scrupule, qui n’hésite pas à assassiner son propre général, s’emparer d’un fastueux trésor ou violer par derrière et à son insu un certain futur souverain français (crime de lèse-majesté !). Ces aventures (dé)culottées du dragon Dragon semblent avoir été directement inspirées par une chanson paillarde, dont les paroles nous sont offertes par les auteurs en dernière page. La relecture pour le moins truculente s’accompagne de nombreuses répliques savoureuses, comme Juncker les apprécie. Souple et stylisé, tout en s’inscrivant dans un contexte fort bien documenté, le dessin de Spruyt se montre idéal pour ce registre de gaudriole-politik qui évite toujours la grivoiserie imagée. Régulièrement, le dessinateur belge nous gratifie de pleines pages bilans de la situation, façon gravures parodiques d’époque. C’est malin, bien amené, et malgré le « fondement » du propos, ça reste plutôt finaud !