L'histoire :
Les premiers humains ont naturellement développé des facultés à grimper, ne serait-ce que pour échapper à leurs prédateurs. Par exemple, pour échapper aux lions dans la savane, mieux valait savoir grimper à l’arbre. Autre exemple : les logements troglodytes (du XIème siècle) des Tellem, en Afrique, les obligeaient à grimper à flanc de falaise sur paroi verticale. On trouve des vestiges de poteries au sommet des monts Hombori, à 600 mètres au-dessus de voies d’escalade très compliquées. Et cette propension à se débrouiller pour escalader se retrouve dans toutes les cultures et les traditions : chez les bédouins de Jordanie, les récolteurs de nids d’hirondelles de Thaïlande, les récoltants de miel au Népal… En France, c’est en 1492 que Charles VIII charge l’un de ses capitaines, Antoine de Ville, de vaincre les 2000 mètres du Mont Aiguille, dans le Vercors. Ce dernier s’y rend avec un écheleur, un tailleur de pierre, un charpentier, un aumônier et des dizaines d’échelles. La voie qu’ils ouvrent est encore celle qui se pratique aujourd’hui. Ils restent plusieurs jours au sommet, y installent trois croix visibles de loin, une bâtisse en pierres sèches, y organisent une messe de bénédiction et font constater leurs exploit par un huissier. Il faudra pourtant attendre 350 ans pour que la seconde ascension ait lieu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Puisque l’homme descend du singe, il est génétiquement prédisposé à grimper. L’escalade des sommets abrupts, qu’ils se trouvent au bout de parois naturelles, de murs dédiés ou de façades de buildings, a toujours excité les adeptes de verticalité… surtout ceux qui n’ont pas le vertige. Parce qu’elle impose d’apprivoiser et de surmonter le stress de l’accident mortel à chaque instant, l’escalade est aussi une philosophie de vie. La pratique a cependant fait des progrès fulgurant depuis les années 1970, avec les exploits et les petites révolutions techniques consécutivement apportées par différents grimpeurs, aux quatre coins du monde. Pour preuve de cette reconnaissance tardive, l’escalade n’est entrée aux jeux olympiques qu’en 2020, à Tokyo ! Cette histoire de l’escalade en bande dessinée se déroule un peu à la manière des Incroyables histoires de…, selon une approche donc plutôt chronologique. C’est un panorama de ces différentes « écoles », chacune améliorant à sa manière la pratique, que proposent la célèbre alpiniste française Catherine Destivelle et le journaliste spécialisé David Chambre, avec l’aide de Laurent Bidot au dessin et de Clémence Jollois aux couleurs. En vétéran expérimenté du dessin de commande réaliste, Bidot parvient à multiplier les grimpeurs en action sur des parois toutes différentes, sur près de 160 pages, sans se lasser et sans se répéter ! Un exploit, digne d’une voie 9B. Le chapitrage n’évite cependant pas l’écueil du catalogue de courtes biographies. On croise Patrick Berhault, Patrick Edlinger, Alain Robert, Catherine Destivelle herself, Lynn Hill, Fred Rouhling, Josune Bereziartu, Adam Ondra… et bien d’autres ! Le medium BD permet de mettre à la portée du grand-public une masse impressionnante et relativement exhaustive d’informations sur l’escalade. Une trentaine de pages annexes enfoncent le clou, avec les guides sur six sites naturels de légende, des tableaux analytiques et un glossaire. Il est conseillé d’offrir cette somme assez complète à quelqu’un de vraiment passionné par la pratique.