L'histoire :
Pour le Canard Enchaîné, tout a commencé pendant la Grande Guerre, avec une presse devenue reine des bobards en tout genre, évoquant la poésie des batailles, plutôt que la torpeur des soldats. Maurice Maréchal, ancien rédacteur de la Guerre Sociale, rencontre Henri-Paul Gassier, pour lui parler d'un projet de journal possédant un véritable espace de liberté et un franc-parler à toute épreuve. Le Canard Enchaîné est né, le 10 septembre 1915. Malheureusement, le journal peine à prendre son envol et disparaît au bout du cinquième numéro. Mais Maréchal ne s'avoue pas vaincu et relance le journal avec de nouvelles plumes et des illustrateurs. Blessons par la raillerie, tuons par le rire et ridiculisons le pouvoir ! Galvanisé par Maréchal, le Canard Enchaîné renaît de ses cendres, le 5 juillet 1916 et paraîtra tous les mercredis (comme c'est toujours le cas aujourd'hui). Il fait poiler les poilus dans les tranchées, qui constatent. Mais la censure veille au grain et ampute le journal de certains de ses articles, ce qui a le don d'éveiller la curiosité des soldats...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Né alors que les poilus baignaient dans la boue et les tranchées de la guerre de 1914-1918, un vilain petit canard commence à l'époque à voler de ses propres ailes, n'hésitant à voler dans les plumes des puissants. Tout au long de son existence, il jette un pavé dans la mare (aux canards s'il vous plaît), devenant un poil à gratter, avec des illustrations humoristiques bien senties signés René Pétillon, Cabu (la réédition de cet album leur est dédiée), Martin Veyron, Romain Dutreix, Guillaume Bouzard. Affranchi de toute publicité, il peut tout se permettre, au grand dam des Hommes. Aujourd'hui encore, c'est une référence dans le monde de la presse. Le dessin de Pascal Magnat n'en fait pas des tonnes et joue parfaitement son rôle d'illustrations des textes de Didier Convard. Le scénariste chevronné s'atèle à raconter la formidable histoire de ce Canard, avec minutie, à travers la riche histoire de la France au XXème siècle. On sort de cette lecture la tête pleine et enrichie, revigoré par les injustices dénoncées. D'ailleurs le combat n'est jamais terminé pour le journal, qui trouve toujours aujourd'hui du grain à moudre : Balkany, Carlos Ghosn, Benalla, les gilets jaunes, le président Macron... jusque janvier 2019. 32 nouvelles pages viennent compléter la précédente édition de novembre 2018.