L'histoire :
Dans ce monde magique peuplé de lutins, de géants et de nombreuses créatures de tous poils et de tous crocs, le tyrannique roi Elias poursuit un double objectif. Primo, il cherche à réunir au complet un jeu de 32 tablettes célestes, dotées chacune d’un pouvoir spécifique… pour peu qu’on en connait la formule. Secundo, il cherche à se venger de l’immonde mage Melchior qui lui a dérobé son visage, afin de récupérer son identité. Il est aidé dans cette entreprise par Aranéo, un géant loyal et vraiment très costaud ; Bertil, un nabot zwerg qui se fait passer pour un humain et par Evangele, une femme-médecin déterminée, qui tombe peu à peu amoureuse d’Elias. Après moult aventures, l’équipe fait maintenant route à travers un formidable réseau de grottes et de galeries souterraines, vers la source d’eau potable de la région. Elias est en effet persuadé de trouver à cet endroit l’origine de la peste rousse, qu’il attribue nécessairement à Melchior, et qui fait des ravages parmi la population. Il leur faut se dépêcher : Evangele, atteinte par la maladie, ne peut déjà plus marcher. Dans les entrailles de la terre, ils s’adjoignent alors la compagnie d’une lycanthrope timide mais ambitieuse, que Bertil baptise Matilda…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un monde magique, une quête, une équipe bigarrée, une rivalité pour réunir différents items, permettant au final le contrôle d’un grand pouvoir… A première vue, Elias le maudit brasse allégrement les principaux poncifs de l’heroïc-fantasy. A la différence notable que la scénariste Sylviane Corgiat s’appuie sur les fondamentaux du genre pour mieux s’en écarter au fil de l’aventure, et proposer un mode narratif vraiment enthousiasmant. Déjà, le héros n’est pas franchement chancre de la vertu : à la base, c’est un despote tyrannique. Secundo, les membres de son équipe disposent chacun d’une véritable identité et ne servent pas que de faire-valoir. On se prend notamment d’affection pour Aranéo le géant, sorte de Bruce Willis pachydermique, et pour son recours parcimonieux à la force. Enfin et surtout, le dessin de Corrado Mastantuono est de haut vol. Cet artiste italien, quasi-inconnu en France, impose des cadrages et des perspectives d’une grande maturité. On se repait littéralement de certaines séquences, visuellement très harmonieuses. Peut-être néanmoins, ce troisième tome se déroulant en milieu clos (on est sous terre à 95% : claustrophobes s’abstenir !) est-il le moins parlant en la matière. Cette excursion spéléologique, peut également s’interpréter comme une métaphore d’une plongée dans l’inconscient ou d’un retour aux sources. Ce troisième épisode met un terme au cycle de manière cohérente, mais Elias n’a toujours pas atteint son véritable but. Espérons que scénariste et dessinateur auront l’occasion de poursuivre l’aventure à travers un second cycle…