L'histoire :
En janvier 1942, alors que la puissance nazie est à son apogée, Hitler reçoit les conclusions d’une de ses nombreuses expériences occultes qui doivent lui permettre d’asseoir sa suprématie sur le monde. Le projet s’appelle « Légion » et il repose tout entier sur l’existence d’une lignée célèbre : celle des contes Radu et Vlad Tepes Dracul, c'est-à-dire Dracula. En effet, en inoculant un peu de sang à plusieurs soldats, une âme unique et démoniaque peut contrôler plusieurs corps en une seule volonté destructrice. Un bataillon de soldats parfaits et particulièrement tenaces, en quelques sortes. L’agent du MI6 Stanley Pilgrim découvre peu à peu, sans parvenir à y croire pleinement, la puissance de ce complot fantastique, en enquêtant sur des membres au sommet du contre-espionnage. Un mystérieux assassin semble en effet prendre la personnalité de ses victimes pour faire avancer sa conspiration au sein des hautes sphères. De leur côté, deux résistants roumains, Karel et Maria, on réussi une mission folle : tuer Rudolf Heizig, officier SS responsable du projet Légion. Désormais traqués, ils ignorent alors qu’un agent double s’est déjà occupé de discréditer Légion aux yeux du Führer : comment, en effet, gagner une guerre en se servant d’un sang « démoniaque », alors que l’idéologue fonde tout son discours sur la pureté du sang aryen…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin de la trilogie ! Voilà enfin le dénouement d’un thriller fantastique et historique pour le moins efficace. Les penchants d’Hitler pour l’occultisme auront nourris les fantasmes de bien des scénarii (cf. Indiana Jones), mai cela a souvent été concrétisé de façon relativement simpliste. Ici, Fabien Nury affirme le cross-over de ce mythe (réel) avec la légende de Dracula, de manière particulièrement mature et angoissante. Le réalisme de la fiction est en effet éminemment renforcé par la présence de Churchill, ici protagoniste et auteur d’un propos réel : « Au niveau le plus élevé de l’action des Services Secrets, les faits réels ont égalé dans de nombreux cas, et sous tous les aspects, les inventions les plus fantastiques des romans d’aventure et du mélodrame ». En outre, le traitement visuel, mélange de dessins réalistes et de photos trafiquées (pour quelques décors), accorde encore plus de profondeur à l’intrigue. Les cadrages et le découpage sont appliqués, avec des encrages appuyés et des couleurs idoines, et tout cela contribue à insuffler une ambiance oppressante absolument divine. Quelques images d’horreur pure resteront longtemps en mémoire (l’affrontement hache contre lance-flamme). Pourtant, un léger manque de lisibilité se dégage toujours de la rigidité des personnages, qu’on a parfois du mal à identifier… Etant donné que la narration emprunte globalement des voies peu limpides (ce n’est pas une critique), un maximum de concentration sera nécessaire pour que vous passiez, assurément, un excellent moment de lecture…