L'histoire :
Le périple s’annonce difficile mais indispensable. Lune-dans-les-nuages est décidée à retrouver son mari Quatre-Vents afin qu’il lui rende le scalp de son frère, nécessaire au repos de son âme. Accompagnée de sa suite, elle est accueillie par son beau-père et chef des Lakotas, avec qui elle fume le calumet. Puis, l’indien des plaines fait venir sous son tipi Celle-qui-se-cache-dans-les-buissons. La jeune femme fut un temps l’amante de Quatre-Vents et, non sans malice, elle commence un récit troublant. Un jour qu’ils batifolaient tous deux à la rivière, le prince aperçut dans la bouche d’une grenouille un ornement rond en argent. Alors la folie sembla s’emparer du guerrier qui parla d’un signe du grand Wakan-Tanka et assimila le batracien à l’Iroquois Crapaud-qui-coasse comme à la tribu des Skidi-Pawnees de Lune-dans-les-nuages. Ils lui envoyaient l’amulette des démons, signe que des brèches dans le temps furent ouvertes par les différentes danses et qu'il faut les refermer si l’on souhaite qu’ils ne s’y engouffrent point et déferlent sur le monde des êtres humains. Quatre-Vents partit aussitôt trouver les maîtres du Temps, les Paiutes, eux sauraient quoi faire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La danse du temps est une série singulière et attractive à plus d’un titre. Bâtie sur un paradoxe temporel répété, elle impressionne cependant par sa cohésion d’ensemble. Alors que maints titres s’égarent ou choisissent l’uchronie pour s’abstraire d’une rigueur scénaristique trop grande (ex. Luxley, sur le même thème), le récit concocté par Igor Baranko tient la route et plus, il passionne ! Les aspects développés du monde des plaines convainquent sans peine et dès les débuts, on est pleinement immergé dans une civilisation fascinante faite de mystères, de noblesse et de magie. L’atmosphère unique doit beaucoup à un visuel sombre, reboutant de prime abord, et néanmoins fascinant. Une fois la lecture entamée, découpage, rythme, proportions et encrages, tout semble parfait, mitonné au poil près. Un détail et le château de cartes menacerait de s’écrouler. Mais ici, l’alchimie, l’enchantement (!), est complet. Avec ce 3e tome prend fin un premier cycle tacite : le rideau tombe en terres d’Amériques. La boucle est bouclée et les conséquences malheureuses des danses du temps successives connues. Afin d’empêcher que les démons blancs venus de la grande eau ne déferlent sur son monde et ne l’anéantisse, il est désormais l’heure pour Quatre-Vents de partir outre-atlantique pour tenter d’y remédier. Il doit aller à leur rencontre, à l’aventure, à la découverte d’un univers toujours plus fantastique et pénétrant. Peut-être est-ce la série la plus réussie d’Igor Baranko ? « Un conte sur le temps et l’amour (…), un conte comme vous ne l’avez jamais entendu » (pl.16) et lu : on ne le saura qu’une fois accomplie…