L'histoire :
Dans son enfance, Sarah a été séquestrée et a subi les sévices d’un serial-killer, en compagnies d’autres fillettes, enfermées dans une cave. Depuis lors, elle souffre d’un dédoublement de personnalité et de crises d’angoisses, qui lui valent aujourd’hui de s’installer en retrait de la civilisation, dans une bourgade reculée de Pennsylvanie, Salamanca, en compagnie de son mari, David, garde forestier. Tous deux ignorent évidemment que la région est infestée de créatures monstrueuses et que les habitants de Salamanca taisent un lourd secret depuis 17 ans. A l’époque, ils avaient enterré dans une fosse commune des dizaines de nouveaux nés qui avaient d’épouvantables malformations. Depuis ce jour, il n’y a plus aucun enfant à Salamanca… Depuis la cave de sa maison, Sarah a également exploré un tunnel qui mène jusque dans la maison des voisins. Elle y a espionné une femme d’une obésité invraisemblable et s’est intéressée à une photo de famille, représentant un enfant monstrueux. Sa petite enquête sur cette énigme la mène à un hôpital psychiatrique, aujourd’hui fermé et en ruine, et aux révélations d’un ancien docteur. Celui-ci avoue que cet enfant avait jadis montré une agressivité incurable et sanguinaire : il avait tué une infirmière en la dévorant par le cou ! De son côté, inquiet de ne pas voir sa femme à la maison, David part à sa recherche avec son pick-up. Sur la route, à flan de falaise, une créature monstrueuse traverse subitement. David fait une embardée et plonge dans le vide. Miraculeusement, il se retrouve arrêté et suspendu par une souche, en équilibre en contrebas. Mais il est immobilisé par une fracture ouverte de la jambe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christophe Bec, passé docteur es-épouvante depuis sa trilogie à succès Sanctuaire, poursuit son récit riche, très riche (trop riche ?) en… épouvante. En effet, à l’image du premier opus, ce second volet de Sarah agglomère plusieurs mystères terrifiants qui auraient pu chacun faire l’objet d’une intrigue frissonnante à part entière. Primo, l’enfance de Sarah fut en proie à un psychopathe pédophile de la pire espèce (comme en témoignent ses souvenirs en flashback). Elle en a hérité d’un dédoublement de personnalité, une caractéristique psychologique toujours très angoissante. Secundo, la région est peuplée par une tribu (famille ?) de créatures griffues terrifiantes, dont on a enfin le nom : les thérias. Ces derniers infestent notamment un vaste réseau de galeries souterraines, en lien avec la mine d’or locale. Tertio, les habitants taisent un sordide secret : il n’y a plus un seul enfant depuis qu’ils les ont jadis tous inhumés, apparemment en raison de leurs profils monstrueux. Quatro, les voisins de Sarah sont infâmes : le père est obsédé sexuel, la mère d’une obésité ultime engraisse et dépérit sur une baignoire, sans parler du fiston… Bref, sur le papier, ça fait beaucoup. Sans compter que si ce second tome délivre pas mal d’infos, il manque encore le liant entre tous ces faits. Dans le rendu, en revanche, c’est parfaitement effrayant, honorant avec bonheur le registre de l’épouvante. La gestion du suspens est impeccable, de longues séquences visuelles ajoutent beaucoup à l’atmosphère oppressante, et les encrages réalistes de Stefano Raffaele sont efficaces. A suivre dans un 3ème et dernier volet attendu depuis 3 ans, mais cette fois-ci bel et bien promis à court terme par les Humanoïdes associés qui viennent de rééditer les deux premiers tomes...