L'histoire :
Alors qu'il passe par la machine à café d'une station service, Michel repère un visage qu'il connait, mais qu'il n'a plus vu depuis 20 ans. Son vieux pote Roger est là, en train de pleurer. Roger le reconnait et lui tombe dans les bras, en proie à un gros passage dépressif. Michel lui propose de le raccompagner chez lui... ça n'est pas si loin, à 500m. En arrivant devant le portail, Michel découvre alors une somptueuse maison au milieu d'une magnifique propriété. Roger demande à ce que Michel le dépose juste là, mais sa femme arrive aussitôt pour l'accueillir. Michel croit avoir des hallucinations : Isabelle est une très belle femme d'âge mûr, avec une poitrine incroyable. Elle insiste lourdement pour accueillir Michel chez eux, afin de le remercier. Michel n'ose pas refuser – et il n'y arrive pas. Il découvre un intérieur de haut-standing, avec piano à queue, large escalier tournant... Les trois filles de Roger – des bombes sexuelles de 18 et 15 ans, ainsi qu'une fillette de 10 ans – l'accueillent chaleureusement en lui sautant au cou. Michel n'en revient pas. Isabelle insiste pour qu'il reste pour le repas, un délicieuse rôti qu'elle a préparé, après sa journée – elle est PDG d'une grosse entreprise pharmaceutique. Au passage, Michel apprend aussi qu'Isabelle fait elle même le ménage. Le repas est délicieux et gargantuesque. A peine le dessert terminé, Isabelle se lève et, sans aucun scrupule, devant ses filles et Michel, elle se met à genou devant son mari pour lui tailler une pipe ! En effet, elle sait que Roger adore ça après avoir mangé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement à la majorité de ses contemporains, Bastien Vivès n'a jamais caché son penchant pour la chose sexuelle. Les questions de libido exacerbée, les fantasmes débiles, l'utilisation ultime des organes reproducteurs à de primales finalités orgasmiques, c'est son dada ; et il n'hésite pas à s'exprimer sans tabou sur ces sujets, en interview ou en conférence. Après tout, il faut appeler un chat un chat. De fait, la collection BD Cul des Requins Marteaux est un terrain de jeu formidable pour lui. D'ailleurs, après les Melons de la colère, cette Décharge mentale est déjà la deuxième histoire de cul qu'il réalise en son sein. Parlant de sein, une poitrine opulente est encore une fois au menu de cette histoire, féerique pour tout mâle 1.0 hétérosexuel qui se respecte. Cette chronique domestique est dessinée rapidement à la palette graphique – mais avec un sens des postures et des angles de vues qui n'ont rien à envier aux sites spécialisés – tout en noir et blanc, et elle porte bien son titre. Ici, il est en effet vraiment question de se décharger de tous les interdits intellectuels et moraux en matière de besoins sexuels. Vivès imagine l'ultime fantasme conjugal pour un bourgeois lambda : sa femme est belle, riche, aimante, elle fait le ménage et la cuisine, et elle prend les devants pour assouvir son rythme quotidien de pulsions sexuelles : une pipe après chaque repas et une levrette sur la table de la salle à manger chaque matin au petit déjeuner. Vivès n'hésite pas à frayer avec la transgression de l'inceste : ces petites attentions font partie de l'éducation des filles, qui assistent et aident leur maman dans l'accomplissement de ses « devoirs » sexuels. Evidemment, de grosses giclées d'humour sont introduites grâce à l'introduction dans ce paysage familial insolite d'un ami doté de mœurs « normales », qui devient spectateur plus ou moins passif. Le récit est léger et burlesque d'apparence, mais il pose tout de même une question philosophique loin d'être idiote : faut-il s'insurger contre pareil comportement totalement impudique ? Les animaux s'embarrassent bien moins d'intimité.