L'histoire :
Invitée par Lizbeth Halter, professeure au lycée René Goscinny de Varsovie, Yentl Perlmann revient pour la première fois dans sa ville natale, Varsovie. Elle vient raconter le quotidien des juifs dans le ghetto de Varsovie, l’histoire des résistants de la mémoire que sont Emmanuel Ringelblum et ses amis qui ont archivé leurs écrits quotidiens, détaillant la terrible répression, lâche et inhumaine, qu’ont subie les juifs du ghetto de Varsovie pendant l’occupation nazie. C’est par hasard que le jeune Jonasz Heller se retrouvera « passeur » de différentes lettres à destination de Ringelblum. Jonasz vit alors avec ses grands-parents, couturière et cordonnier, et les aide à subsister. Son grand-père Avram va finalement se charger de la course et découvrir la réalité sur les déportations. Jonasz, de son côté, va aussi apprendre beaucoup de choses sur la nature humaine, sur le climat de terreur qui entraine des esprits plus faibles, comme son cousin Shaïa, engagé dans la police juive, milice qui accompagne les basses œuvres nazies. Mais l’espoir souffle toujours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Certaines histoires sont des coups de poing dans la gueule. Forcément, une chronique sur la vie quotidienne des juifs dans le ghetto de Varsovie frappe directement au nez, et les larmes jaillissent. Ensuite, c’est le ventre qui est martelé, par les révélations sur la nature humaine, toujours plus basse, plus vile, plus incroyablement sans scrupule. Et puis Didier Zuili est un sacré boxeur. En réalisateur de cinéma efficace, il a travaillé avec un grand soin son séquençage, l’enchaînement narratif des cases, mais aussi les plans avec des focus sur certains personnages, des premiers ou arrière-plans floutés, des effets de filtres couleur et noir et blanc (et le champ-contrechamp entre Jonasz et Himmler en cases bandes de la page 102 !)… la narration y gagne en efficacité ce que l’œil y perd en fluidité, d’autant qu’il ne s’est pas gêné non plus pour mélanger les matériaux, crayon gras, crayon fin, ce qui ressemble quelquefois à du collage, et du photo-montage et du DAO vers la fin. L’ensemble est assez envoûtant et on se laisse embarquer dans cette histoire à la fois passionnante, mais aussi morcelée, puisque Didier Zuili a voulu faire remonter à la surface de l’histoire ces correspondances oubliées, des fragments de journaux qui, in fine, débouchent sur l’histoire de Yentl Perlmann… Il en résulte une œuvre essentielle, sur l’importance de la parole, de l’écrit, sur l’histoire et la prise de conscience. On sort de cette lecture chamboulé, un peu groggy, mais plus courageux.
