L'histoire :
Comme chaque matin, le blond se lève et va dans la salle de bain pour son inspection habituelle. Le beau gosse est toujours en place, cheveux coiffés, l’œil acéré et le cerveau en ébullition, paré pour une nouvelle journée pleine de gloire. Le réveil de l’Autre n’est pas tout à fait dans la même ambiance. Il se regarde dans le miroir pour l’inspection, la marque de l’oreiller en place, un reste de bave séchée sur la joue et la chevelure en net recul par rapport à hier. Le petit-déjeuner chez le blond est complètement équilibré pour bien démarrer la journée : bol de muesli maison, un thé de Ceylan et un smoothie énergisant à base de fruits et de légumes du jardin. Pour l’Autre, le petit déjeuner se résume à une tasse de café serrée et à un beignet aux pommes décongelé. En route pour le boulot. Le blond surfe sur le style en évitant les bouchons grâce à sa trottinette, tandis que l’Autre se tape les bouchons assis dans sa voiture qui pollue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout le monde ou presque se souvient du célèbre sketch de Gad Elmaleh concernant le Blond, personnage au physique parfait, à qui tout réussi dans la vie. L’humoriste développe donc son personnage du Blond en bande dessinée, au sein d'un format très classique de gags en une planche. L’idée est simple : il s’agit de comparer la vie quotidienne de son Blond avec celle de « l’Autre », personnage ordinaire, le commun des mortels aux cheveux d’une autre couleur, à qui rien ne sourit. Evidemment, en bande dessinée, il est bien plus difficile de faire de l’humour en comparant uniquement ces deux situations convenues. L'étincelle humoristique peut se trouver sur scène à travers l'alchimie du texte, du rythme, du ton, la prouesse d'interprétation... Ici, seul le texte et la séquence dessinée doivent être efficients. Malheureusement, rien ne se passe dans cet album qui ne parvient pas à faire ressortir l’humour initial du sketch. Le jeu de comparaison entre les deux personnages ne convainc pas du tout. Le passage d’une planche à l’autre, voire d’un comparatif à l’autre, en est même redondant, et gâche le peu d’humour qu’il pourrait y avoir. Dès la deuxième planche, le lecteur a compris que le Blond surfe sur la réussite, tandis que l’Autre se tape toutes les emmerdes. Au dessin, Spoon tente de faire des mises en scène rigolotes, mais sa partition graphique reste limitée à des grimaces de personnages évoluant dans des décors succincts. En clair, cet album n’arrive pas à la cheville du sketch initial de Gad Elmaleh. Pâle copie ou manque de motivation pour le transcender, le Blond lasse et agace.