L'histoire :
Il se passe des choses réellement étranges au royaume. Alors que la radio diffuse les derniers résultats des courses hippiques, une nuée de Boeings se lance en piqué sur le Morloir, une zone jamais cartographiée. Estebald avait donc raison. Dans le cockpit d'un avion, un juge et son assistant en train de perdre le contrôle de leur engin, lancés dans un piqué 5 ! En bas, les mages ont l'impression de ne pas être arrivés à destination. Tout à coup, Estebald se présente aux rois pour leur indiquer que le royaume fourmille de religieux, sorte d'inquiétant clergé de « prêtres des divinités ». Étrange...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A peine auréolé du prix de la BD alternative à Angoulême pour la revue Dopututto Max, l'éditeur Misma sort le deuxième volet de la saga inclassable de Ronald. Dans la lignée du premier opus, l'auteur avance en toute liberté au rythme de divagations foutraques et barrées, dans le cadre d'un royaume anachronique étrangement moderne, où l'on écoute la radio pas loin d'un château juste avant le crash d'un Boeing. Mais aussi des courses hippiques, des séances d'interrogatoires hyper-hypnotiques et un héros à la renverse, ballotté, Estebald. Peu de logique dans ce pays perdu entre rêve et réalité et une histoire sans queue ni tête, mais cohérente avec elle-même. Si on a du mal à entrer dans l'univers de l'auteur, c'est peut-être faute de savoir où Ronald veut aller, d'autant que le dessin brut, pas désagréable, reste sommaire et qu'il est parfois difficile de lire les phylactères, trop petits. Ou alors n'est-ce qu'un délire divertissant hors du temps et de l'espace qui joue l'humour absurde à plein, histoire de retrouver le sens du merveilleux ? Pourquoi pas. Et l'air de rien, on rentre peu à peu dans cette ambiance singulière, plus que dans le tome 1. Mais c'est encore le long bonus de fin qui séduit le plus (la jeunesse d'Estebald), car la couleur apporte au dessin bricolé une élégance et une force insoupçonnées. Poétique et puissante, on se dit que le reste du livret devrait être à son image pour que le récit nous interpelle davantage. Deux atouts néanmoins : le plaisant format poche du livre et le prix riquiqui en ces temps d'inflation incontrôlée. Avis aux amateurs.