L'histoire :
Bercée par son premier souvenir de cinéma, Eloïse Brabant a choisi de rejoindre la Californie pour travailler pour le compte d’un richissime producteur hollywoodien. Durant son voyage en avion, elle se remémore les scènes des Hôtes du crépuscule où le diable s’efforçait de séparer deux amants, jusqu’à les changer en pierre (…). Lorsqu’elle se présente au manoir dit Krelland, la femme de chambre est accueillie de manière très formelle par le majordome. A peine entrée, elle est saisie par le décorum mégalo des lieux : le hall est inspiré de Citizen Kane, sauf qu’à la place du héros Charles Foster Kane, c’est Luis Krell et son épouse qui figurent sur l’affiche. Guidée à sa chambre par celle dont elle va prendre la place, Eloïse pénètre des pièces toutes inspirées d’une œuvre du 7ème art. Outre une ambiance surchargée et baroque, c’est aussi l’impression d’être constamment épiée qui domine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De facture très classique, l’Accessoiriste séduit d’abord par son graphisme classieux aux lignes élancées. La couleur rouge pourpre omniprésente saisit aussi d’emblée jusqu’à provoquer chez le lecteur un certain sentiment d’étouffement. On aime ou pas, mais on ne peut nier que François Deflandre sait installer une ambiance nourrie dès les premières cases. Construite comme un long métrage, l’intrigue imaginée est en fait un gigantesque trompe-l’œil en hommage à l’âge d’or du 7ème art. On reconnaît ou imagine reconnaître des scènes de films vus, entrevus ou dont l’on a juste souvenir d’avoir entendu parler. Même si on devine rapidement le ressort de l’histoire, on se laisse prendre à ce théâtre d’ombres… malheureusement trop vite terminé. Alors que le temps du récit semble suspendu et aurait mérité que l’on s’y attarde pour vraiment l’apprécier, c’est à peine après une scène de filature que tombe le rideau sur le mégalo propriétaire des lieux. Tout le mystère savamment distillé s’envole en peu de mots d’une conclusion brutale, laissant une désagréable impression de survol. Pourquoi fallait-il entamer cet album plein de promesses, pour cette cruelle désillusion ? A la lecture d’un précédent album de l’auteur Puzzle gothique, nous écrivions « un graphisme flamboyant et créatif pour un scénario manquant d'épaisseur ». La sentence est idoine. Dommage.