L'histoire :
Vers le début du XXème siècle. C’est soir de fête au sein d’une petite communauté de trappeurs en Sibérie. Aza Parfionova, une chasseuse hors pair, malgré son handicap de cul-de-jatte, gère en chef d’entreprise maternaliste toute une petite communauté de chasseurs. Or dernièrement, elle a attrapé une magnifique zibeline, un trophée qui passe de mains en mains. Elle ravit ses amis en organisant un spectacle de marionnettes, le dernier avant de repartir en campagne hivernale de chasse. Cependant, ce soir là, son hôtel accueille un étranger, un américain qui n’a aucun scrupule à essayer de recruter parmi ses ouailles. Aza décèle immédiatement en Jason un intrus. Or l’américain est opiniâtre et il sait faire la fête… donc il danse toute la nuit avec les autres. Mais il n’accepte pas totalement qu’une demi-femme puisse être autant respectée, quand bien même elle serait une trappeur épatante. Il comprend aussi qu’elle exploite partiellement les trappeurs, dans cette région glacée et isolée, hyper traditionaliste. Avec ses beaux fusils, il emporte l’adhésion du jeune Ivan, à qui Aza vient encore de refuser une place parmi son équipe. Le lendemain, le vieux Radimir vient quérir l’aide d’Aza, car sa fille Séléna a disparu. A genoux, il la supplie de l’aider à la ramener à la maison. Aza n’est pas née de la dernière pluie. Elle se doute qu’ils se sont embrouillés et que Séléna a sans doute rejoint son amoureux. Radimir trouve alors de l’aide en la personne de Jason et d’Ivan, qui partent en expédition à la recherche de Séléna. Aza fulmine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2017, Grégoire Bonne avait épaté la galerie avec Quatre jours de descente, un excellent thriller psychologique, réalisé à l’aide d’un sublime lavis réaliste et expressif en noir et blanc. Il pousse aujourd'hui encore son art d’un cran en ajoutant la couleur à ses aquarelles, quand bien même cette histoire se déroule au sein d’une communauté de trappeurs de Sibérie, durant un hiver crépusculaire. Le registre du thriller persiste, même si ce sont plutôt les codes du western qui sont ici employés. Le contexte est celui du début XXème, puisqu’on évoque lointainement une révolte envers le Tsar. Comme on le voit en couverture, la demi-double femme dont il est question est une femme cul-de-jatte, une mère patronnesse qui dirige une petite communauté de trappeurs russes et rustiques. Elle est la meilleure gâchette d’entre eux, une sorte de légende vivante respectée et crainte, aux limites de la shaman… Elle voit néanmoins son autorité soudain contestée par un dandy cow-boy arriviste et malintentionné. Qu’est-il précisément venu chercher en ces contrées hostiles et sauvages ? Ne vous inquiétez pas, vous le saurez, à l'occasion de confessions énivrées. Une confrontation va se nouer entre eux, sur fond d’expédition, qui s’envenimera et se terminera aussi mal qu’une tragédie shakespearienne. La loi de la nature et les implacables rigueurs de l’hiver sibérien auront le dernier mot. L’âme russe, aussi chaleureuse et passionnée que folklorique et jusqu’au-boutiste, versus l’expansionnisme outrecuidant et prétentieux d’un cowboy américain… toute métaphore avec un certain conflit mondial actuel n’est pas interdite.
