L'histoire :
La porte de la cave s’est refermée sur eux. Eux, c’est Fred, qui a oublié les clés, et Ginger, qui lui fait le reproche. Pire, Fred n’a pas changé l’ampoule, il avait juste assez pour des beignets… Sans amis, sans enfants, la situation est désespérée. Heureusement, Ginger trouve des homards. Mais dans le noir, ces bêtes sont difficiles à manger. C’est alors que surgit… un contrôleur. Bien entendu, les deux danseurs n’ont pas de billets. Ils sont dans leur cave. Ils sont de fait embarqués par le contrôleur, qui les condamne à payer une amende. Alors qu’ils sont dans une mauvaise posture, leur caution est payée par un inconnu, un certain DeMille. Cecil B., leur vieil ami ? Non, Optic. Il s’est trompé, croyant aider quelqu’un d’autre, mais il est myope. L’homme leur offre son aide : il sait comment sortir de la cave : la lumière est derrière la montagne sans reflet. Voilà la petite équipe qui part à tâtons à la recherche de cette fameuse montagne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien entendu, l’affiche est alléchante. La quatrième de couverture promet un spectacle total, avec les célèbres Ginger et Fred, une montagne, des beignets, deux stations-services, un opéra de Wagner en claquettes, le tout dans une cave. C’est là que le bât blesse. Fred n’a pas changé l’ampoule et il fait noir dans cette cave où toute une série d’aventures plus loufoques les unes que les autres vont advenir. Le noir complet. Et pour le lecteur, un petit canevas de traits entrelacés, de forme différente selon le nombre de dialogues. Car c’est le dialogue qui prévaut ici. Un dialogue absurde, pour rire. La situation est prétexte à des blagues plus ou moins drôles, souvent plus. Loin du Livre Noir de Lefred-Thouron, où le noir est finalement le sujet, l’absence de lumière est ici important pour souligner le dialogue. Ce huis clos est décalé et propice à des réflexions sur les lieux fermés, de l’enfer (hic est inferno, ici c’est l’enfer, chante le contrôleur), à l’Agartha, un monde souterrain mythique. Xavier Gélard s’en donne à cœur joie, les répliques fusent, les personnages s’embrouillent et s’emmêlent, portés par les petits croisillons de Jonathan Martin qui entourent et rehaussent le texte. Prétexte, cet habillage. Prétexte à un dialogue riche et lettré, vif et saignant. Les deux compères s’amusent jusque dans leur biographie finale, et le lecteur a passé un excellent moment, à rire, sourire aux déboires des deux stars du cinéma, réduites à des voix dans la nuit… Mais étaient-ce bien elles, ou une métaphore ? Comme semble se demander Ginger à la fin de l’œuvre…