L'histoire :
A une table de mariés, devant la tronche médusée des deux héros du jour, le témoin hilare fait son discours : « Je lève mon verre aux mariés qui pensent encore qu’ils vont s’aimer pour toujours ».
Dans la cours de récré, 4 gamins comparent leurs situations familiales. L’un annonce que sa mère va se remarier avec un mec qui a déjà 4 enfants de 2 mariages. L’autre enfonce le clou de l’originalité : son père vient d’emménager avec un homme de 25 ans. Le troisième bat tous les records : sa mère et tombée amoureuse de la petite amie de son ex-beau-père et tous ont décidé de vivre ensemble. Le dernier est dégoûté : c’est nul, ses parents sont toujours ensemble.
Deux ados qui se tiennent par la taille dans la rue font un incroyable constat de performance : ça va faire plus de 13 heures, 52 minutes et 25 secondes qu’ils sortent ensemble… et ils sont toujours ensemble !
Une jeune fille BCBG se pose des questions sur son couple, tout en tenant la main de son mec, en pantalon battle-dress, bombers, casquette et boucle d’oreille. Car ses parents n’ont pas l’air de beaucoup apprécier ce jeune homme. Lui rétorque qu’ils doivent avoir peur qu’il subisse sa mauvaise influence à elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec son titre qui ressemble à un film français ou une chanson de Dalida, sa typo bon marché et son illustration de couv’ dépouillée, Du moment qu’on s’aime laisse initialement planer un parfum d’amateurisme… N’en croyez rien ! Osez, ouvrez-le, feuilletez-le et… bidonnez-vous franchement. Dans ce recueil de dessins humoristiques one-shot, Antoine Chereau se paye en effet la tronche de la famille (au sens large), donc avant tout du couple. Et il le fait magnifiquement. Dans une veine comique aussi cynique et cinglante que l’humour de Sacha Guitry cité en préface, Chereau écorne subtilement le sacro-saint mariage, les enfants insupportables, le poids de l’héritage, les tâches domestiques, les reproches courants, le passage souvent délicat à l’acte sexuel, les petites lâchetés et les grosses irresponsabilités, et finalement, l’air de ne pas y toucher, le sens de la vie (ouais, carrément !). La progression est chronologique : il commence par les vannes sur les jeunes, pour finir sur les vieux jours. Complété d’une colorisation un peu trop informatique, le dessin est caricatural et minimaliste, mais d’une efficacité et d’une lisibilité sans faille. Ça charcle comme il faut, les ressorts comiques se renouvellent, on tourne les pages sans jamais se lasser… et au final, le tour de la question semble être exhaustif. Former un couple, c’est n’être qu’un. Oui mais lequel ?