L'histoire :
Est-il sexiste ou particulièrement avilissant, pour un homme, d’ouvrir la porte à une femme, de lui porter ses bagages ou de lui offrir des fleurs ? Jusqu’où l’égalité des sexes réclamée par notre époque doit-elle et peut-elle aller ? Quel sont les différences entre un compliment et du harcèlement sexuel ? Est-il simple pour un homme recruteur de déconstruire tous ses préjugés liés au sexe « faible » ? « Il existerait une multitude d’aspects et de manifestations du sexisme, inscrits comme des évidences dans nos modes de pensées, nos réflexes ou nos comportements. Depuis plus d’un siècle les femmes combattent ces préjudices, leurs effets souvent désastreux, et revendiquent l’égalité de leurs droits et de leur traitement avec ceux des hommes, ainsi que la liberté d’être elles-mêmes, dans le respect et hors des injonctions sociales de l’être et du paraître. » (Gonzague de Pitchipoï)
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir parodié la quête du bonheur, après s’être moqué des aberrations du milieu médical, après avoir écorné le sacré bonheur familial, le monde de l’entreprise, les inégalités, les marchands de bonheur, Antoine Chéreau s’amuse aujourd’hui d’un sujet de société particulièrement focalisée par notre époque : le sexisme. Dans les années 2010, l’affaire Weinstein et « Balance ton porc » ont en effet pris le relai d’un combat initié par Olympe de Gouges et autres Simone de Beauvoir. Si l’intention de ce rétablissement des équilibres est saine et louable, elle bouscule les réflexes et les préjugés de notre civilisation jusqu’alors globalement patriarcale / phallocrate / machiste (au choix), et se retrouve parfois prise au piège de ses propres contradictions. De son trait de dessin caricatural et stylisé, Chereau s’en amuse dans cet ouvrage en autant de gags (souvent un dessin unique, sinon un strip) que de pages. Avec un sens de la répartie et de la situation parfaitement éprouvés, l’auteur écorne essentiellement ici le sexisme dans l’entreprise. Il replace ses cibles dans les justes proportions : c’est tout de même majoritairement l’homme qui est sexiste envers la femme – et souvent hiérarchiquement supérieur. Aux entretiens d’embauches de femmes enceintes se succèdent les décolletés déclencheurs de remarques, les promotions canapés, le délicat humour macho… Mais Chéreau n’oublie pas de souligner que, poussé dans ses retranchements, le sexisme radical est ridicule et contre-productif. Pour respecter le thème, soulignons que l’auteur est épaulé de près dans son travail par son épouse Isabelle, conseillère éditoriale et artistique, ainsi qu’attachée de presse pour les éditions Pixel Fever. D’ailleurs, en couverture, l’unique patronyme « Chéreau » permet de neutraliser les proportions dans la répartition des tâches du couple pour l’œuvre. Ce recueil de gags est une nouvelle fois préfacé par le suspect Gonzague de Pitchipoï, qui n’a d’œuvre qu’à travers les préfaces des ouvrages de Chéreau…