L'histoire :
Le 23 octobre 1761, Nicolas le Floch, commissaire de police, assiste à la représentation d’un opéra depuis la coulisse, aux côtés du premier valet de la chambre du roi. Soudain, depuis le balcon, son supérieur lieutenant général de la police de Paris, Monsieur de Sartine, lui fait signe discrètement de le rejoindre dans la loge royale. Nicolas y apprend qu’il va devoir se pencher sur la résolution d’une affaire sordide venant de se produire chez le comte de Ruissec, une famille proche de la Reine et du Dauphin. Toutes affaires cessantes, Nicolas se fait docilement conduire en carrosse jusqu’au domicile des Ruissec, à Grenelle. Un coup de feu a été entendu dans la chambre du jeune vicomte, Lionel, dont la porte est fermée de l’intérieur. Nicolas utilise un rossignol (sorte de clé passe-partout) pour pénétrer, avec l’aval de son supérieur, mais contre l’avis du père de la victime. Car le cadavre du vicomte gît bel et bien mort dans sa chambre, avec l’apparence d’un vieillard et la trace d’une blessure, par arme à feu, au niveau du cou. Les dents sont manquantes, les traits du visage crispés. Malgré l’apparence du suicide, Nicolas réclame une autopsie. Le père est furibond de ce qu’il considère comme un outrage. Pourtant l’autopsie révèlera un crime abominable : on a fait boire à Lionel de Ruissec du plomb fondu. D’où l’intérieur consumé, la tête fripée et les viscères détruits…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les romans policiers à succès (de Jean-François Parrot) et l’adaptation en série TV, voici donc Nicolas le Floch, commissaire parisien sous les dernières années de règne de Louis XV, qui poursuit un destin parallèle en adaptations BD (par le scénariste Dobbs). La matière première – des intrigues piquantes au sein d’un contexte historique pointu – étant de toute première qualité, le lecteur amateur de polars a peu de chance de passer à côté d’une lecture passionnante. La problématique déboule rapidement dans ce second épisode, avec le crime peu ordinaire perpétré sur la personne d’un jeune vicomte évoluant dans l’entourage proche de la reine et du Dauphin : on lui a fait boire du plomb en fusion… Faut-il pour autant en déduire l’implication jalouse de la Pompadour, favorite du roi et intrigante ? Patient, perspicace, méticuleux et opiniâtre, notre jeune héros commissaire se lance dans une enquête complexe, en marchant sur les œufs des castes de haut rang, où l’apparence prime sur la vérité – un environnement qui se dérobe sans cesse sous le poids de ses déductions. Ce policier en tricorne et en redingote est fort bien éduqué et il s’exprime donc par le truchement de dialogues d’un niveau littéraire exquis. C’est là la grande plus-value de l’opus, qui prévaut sur l’empilement de palabres dénué d’action. S’appuyant sur un dessin en « mode automatique » de Chaiko, complété par des teintes particulièrement ternes (vive l’automne), cette narration tristounette rebutera néanmoins les moins concentrés des lecteurs – il y a beaucoup de personnages et de noms à retenir.