L'histoire :
Adolescent, Douglas Swieteck est surnommé Doug par ses copains, et Doggy par ses frères. Ce jour-là, Douglas est en train de vivre un rêve éveillé. Il est passionné de baseball et en particulier de l'équipe des Yankees. Avec sa famille, ils habitent New York, tout près du stade. Pourtant, jusqu'alors il n'avait jamais assisté à un seul match, les places étant bien trop chères. Or, en ce moment-même, il est en train de voir ses idoles jouer devant ses yeux. Douglas le sait, il le sent. Pour qu'il puisse réaliser ce rêve, c'est qu'il se passe quelque chose de grave. Il y pensera plus tard, pour le moment, il profite de l'instant. Lorsque le match se termine, les supporters se rapprochent du terrain pour tenter d'apercevoir les joueurs de près, et peut-être obtenir un autographe ! Joe, LE joueur favori de Douglas, s'approche de lui et il lui signe sa casquette. Pour l'adolescent, c'est vraiment le plus beau jour de sa vie. Jusqu'ici, tout va bien. Peu de temps après cet événement, la vie tourne mal. Son frère lui a tordu le bras lorsqu'il dormait, en lui demandant de lui donner sa casquette dédicacée. Douglas n'a pas eu le choix. Il s'est séparé du bien le plus précieux qu'il possédait. Tout ça pour quoi ? Pour que son frère l'échange contre des cigarettes... Et lorsqu'il tente d'exprimer sa colère à table, la main de son père atterrit tout droit sur sa joue. Celui-ci annonce une grande nouvelle. Ils ne peuvent plus rester ici. Il a trouvé du boulot dans une usine de papier, dans un bled appelé Marysville. La famille va quitter la grande ville pour y habiter.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicolas Pitz, a l'origine de plusieurs albums (Les vous, La bobine d'Alfred ou Sombres citrouilles), a l'habitude d'adapter des textes littéraires. Il réitère l'exercice avec Jusqu'ici tout va bien, qui adapte le roman de Gary D. Schmidt. Doug, un ado presque comme les autres, n'a pas choisi sa famille. Malheureusement pour lui, il n'a pas tiré le gros lot. Un père violent, un frère embarqué dans la terrible guerre du Vietnam, un autre frère qui est toujours dans les mauvais coups. Et tout le monde le prend pour un voyou. Pourtant, il veut devenir quelqu'un de bien, malgré son environnement familial. Il veut briser les idées reçues. Or lorsque son père lui annonce qu'ils quittent New York, cette ville qu'il aime tant, pour une bourgade paumée en pleine cambrousse, tout s'effondre autour de lui. Heureusement, il va faire des rencontres, qui vont lui ouvrir de nouveaux possibles. L'album aborde des thématiques dures, alors que cet adolescent évolue dans un milieu hostile. Doté d'une volonté sans faille, il va tout faire pour se tirer d'affaires. Nicolas Pitz réussit l'adaptation. Nous nous identifions sans peine aux personnages, nous éprouvons cette vie rude avec lui. Il oscille entre les planches en noir et blanc, pour dépeindre la tristesse et la noirceur de Doug. Il passe aussi à la couleur sur certains passages, ceux qui apportent du bonheur à l'adolescent. L'auteur utilise aussi de temps à autre une technique de dessin qu'il applique souvent dans ses albums : le dessin de nuit, où il dessine en blanc sur un fond noir. Cet album laisse une trace en nous, longtemps après l'avoir refermé.