L'histoire :
La relation amoureuse entre Marc et Chloé débouche classiquement sur un désir d'enfant. Neuf mois plus tard, c'est le défilé des copines à la maternité. Olivier est né, le couple fête ça par un barbecue entre amis. Les premiers mois se déroulent à merveille, la famille resplendit de bonheur. Et puis un jour, Marc remarque que son fils ne lui sourit jamais. Cela est d'autant plus inquiétant qu'à 18 mois, il n'a toujours pas prononcé un seul mot. Marc et Chloé emmènent donc leur fils pour quelques examens psychiatriques. Et le verdict tombe : Olivier est autiste. Lorsque Marc entend ce mot, le monde s'écroule. Tous les plans d'éducations, tous les espoirs placés en son fils sont réduits à néant. Cet enfant aura-t-il la possibilité de mener une vie normale, d'avoir une femme, des enfants à son tour ? Cette collection de bouquins et de BD que Marc a précieusement conservé pour la transmettre à son fils, lui sera t-elle un jour utile ? Le couple entame mille procédures pour le parcours de soins et la prise en charge sociale et scolaire. Marc étouffe sous cette paperasse qui le rappelle sans cesse au désespoir de ne pas avoir un fils normal. Il se renferme dans son travail, il refuse de devoir traiter ces dossiers, il devient irascible. L'autisme d'Olivier aboutit à la séparation du couple. Mais même revenu à sa vie de célibataire, Marc à la garde régulière de son fils. À partir de ce moment, il décide de s'attaquer sérieusement à la compréhension du monde intérieur d'Olivier. Par ses propres moyens, il va trouver des stratégies d'évitement psychologiques pour pouvoir faire son devoir éducatif...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'autisme est une maladie psychologique finalement assez courante, mais aux origines encore largement méconnues. Elle se détecte dans les premières années de l'enfance par un comportement répétitif et anormal et une interaction sociale diversement dégradée. C'est ce qui est arrivé à la famille d'Yvon Roy, illustrateur canadien, qui témoigne à travers cette BD réalisée en auteur complet, de sa manière d'appréhender le problème face à l'autisme de son fils. Son récit aux accents terriblement authentiques brosse assez rapidement les premiers mois de la mise en situation. Naissance, découverte du problème, pétage de plomb, séparation... Le cœur du récit se concentre alors sur les biais qu'utilise ce jeune père pour entrer en communication avec son fils et trouver le moyen de contourner ses angoisses, ses problèmes d'interaction avec les gens et les objets de son environnement. Yvon Roy ne cherche pas exactement à faire un « guide du père pour enfant autiste », mais à partager de manière empirique son propre vécu. Le biais utilisé dans sa BD est éminemment touchant, émouvant et la quête de normalité éducative se montre presque aussi palpitante qu'une aventure de genre. Il faut dire qu'étant donné son métier, l'auteur a quelques prédispositions artistiques... Son dessin stylisé en noir et blanc, est parfaitement adapté au registre et d'une belle régularité. Il a en outre suivi une formation en matière de narration et de mise en scène, prodiguée par Régis Loisel, durant ses années à Montréal. Loisel ne tarit d'ailleurs pas d'éloge sur le résultat (cf. la postface), tant sur l'art séquentiel déployé, que sur la personne d'Olivier, devenu un adolescent normal aux yeux de la société, grâce à la patience et à l'obstination de ce papa-auteur courageux.