L'histoire :
Stéphane et Luc, deux vieux amis qui habitent dans le Sud, ont répondu à l’invitation de leurs anciens amis d’enfance restés à Autreville, leur ville d’enfance du Nord. Ils se retrouvent à 7h du matin pour un long voyage en voiture qui durera toute la journée. Ou plutôt, ils se retrouvent à 5h45, car Luc demande à Stéphane de l’aider auparavant à enterrer sa chienne qui vient de décéder dans la nuit. Luc en a gros sur la patate : cette chienne, c’était le dernier vestige vivant de sa vie passée avec Francesca, sa femme qui s'est suicidée 3 ans et demi plus tôt. Luc ne quitte pas le volant de la journée, tenu en éveil par son deuil et la radio. Les flashs infos annoncent qu’un tueur en série sévit dans la région d’Autreville où ils se rendent précisément ! Des membres de plusieurs victimes différentes ont été retrouvés dans des sacs plastiques orange… C’est glauque ! Ils sont accueillis à leur arrivée par Rudy et Grâce, leur couple d’amis. Et tandis qu’ils débouchent le champagne, ils sont rejoints par le 5ème membre de la troupe, le solitaire et susceptible Etienne. La discussion tourne évidemment autour de l’affaire du serial-killer. En attendant que le repas chauffe, Etienne emmène Stéphane faire un tour nostalgique du village. Etienne l’emmène aussi chez lui pour lui montrer son étonnante invention…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a du Lapinot de Lewis Trondheim dans cette chronique sociale qui réunit de vieux amis zoomorphiques autour de leur jeunesse passée, le temps d’un week-end. David de Thuin a tout pigé de ce « catéchisme », qui entremêle des réflexions matures de quadras-quinquas sur leur propre ressenti sur notre société et des vieilles histoires de cœurs ou de rancunes. Différentes ficelles de pistes sont alors tirées pour que le lecteur se fasse sa propre grille de lecture au sujet de leurs psychologies de personnages. Qui cache quoi à qui ? Qu’est-ce qui distingue le ressentiment personnel du caractère général ? Y aurait-il de vieilles tensions à régler ? Entre aveux francs et petites manipulations, chacun s’auto-définit progressivement et brosse le portrait d’un autre, ouvrant autant de petites cases révélatrices qu’il crée de nouvelles zones d’ombre. De fait, ça papote pas mal, dans des situations du quotidien absolument non spectaculaires – en promenades, à la maison, au supermarché… – sans la moindre action. Une intrigue de taille plombe cela dit l’ambiance, avec cette affaire de serial killer qui confère un background de thriller à ces retrouvailles entre vieux amis. Mais il n’est pas exactement question d’enquête, l’affaire étant juste un paramètre sous-jacent de l’ambiance. Du moins, jusqu’à la révélation finale qui, pour le coup, gâche le ton de la chronique sociale de manière trop grossière, puis nous abandonne comme de vieilles chaussettes. On a le sentiment d’un gamin qui fiche un coup de pied dans la construction qu’il a patiemment échafaudée, une fois la dernière brique posée. Dommage, car le dessin stylisé était bien au point dans ce registre trondheimien zoomorphico-social, lui-même toujours très efficient.