L'histoire :
Luigi, simple employé dans la boutique d’Ernesto, qui fabrique et vend des santons pour les crèches, arrive à saturation concernant le comportement de la Camorra – la mafia qui gangrène sa ville. Dans les rues de Naples, il est courant que des mamies se fassent chiper leur sac à main par des caïds en scooters. Et tant pis si elles se retrouvent violemment projetées sur le sol. Dans la boutique d’Ernesto, le pizzo (la « taxe » mafieuse sur la « protection » par la famille qui contrôle la rue) vient juste de doubler à l’approche de Noël. Ces agissements révoltent d’autant plus Luigi, qu’il se doute qu’ils sont couverts par le nouveau maire, Annibale Bassino, qui vient juste d’être très largement réélu. Et pourtant, le discours officiel est de lutter contre la Camorra. Quand il rentre chez lui, le soir, son fiston Diego est fier de lui présenter le joli masque qu’il a fait à l’école. Mais Luigi est énervé et infect avec lui et avec sa femme Anna. Pour échapper à une énième engueulade, il sort acheter des clopes. Il s’amuse alors à enfiler le masque de son fils sur son visage. Il assiste alors à un braquage de passants. Luigi intervient et se la joue Bruce Lee, son idole. Il casse la gueule aux braqueurs et permet aux passants de partir. Le voilà devenu un justicier masqué !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous un scénario du / de la scénariste transgenre Cheero Deematsio et les crayons du dessinateur italien Luca Albanèse, Les grimaciers se présentent comme une manière un peu foutraque de mélanger super-héros et comedia dell’arte pour lutter contre la mafia napolitaine. Car ici, Luigi, un simple vendeur de santons à Naples, utilise le masque de son fils (qu’il méprise et qui n’a d’ailleurs ensuite plus aucune importance) pour se désinhiber et se découvrir une vocation de justicier masqué. Et puisqu’il aime faire comme dans les films de Bruce Lee, Luigi va lutter contre la Camorra, avec une bande de copains séduit par cette noble entreprise et une utilisation soudainement très efficace du kung-fu. Ne cherchez pas plus loin la cohérence réaliste, elle est totalement absente de ce propos un peu simpliste et décousu, manichéen et décomplexé. Coller des mandales aux méchants c’est quand même cool, et tant pis si l’histoire est embrouillée. Le dynamisme du dessin d’Albanèse tire cela dit ces aventures rocambolesques vers le haut… bien que la stylisation empêche par moments de bien distinguer les personnages ou les situations. Le façonnage grand format de l’éditeur Sarbacane est soigné, la colorisation au lavis et en bichromie est plutôt réussie… mais il faut reconnaître qu’un trait légèrement moins lâché aurait tout de même permis de mieux s’immerger dans la lecture.
