L'histoire :
L’autrice finlandaise Tiiku Takalo est seule chez elle, tranquillement en train de préparer une œuvre d’art mémorielle sur les guerres à travers le monde. Au terme d’une soirée de travail, lors de laquelle elle a stylisé un visage empli d’affliction à l’aide d’un ciseau à bois, elle va se coucher. Mais soudain, alors qu’elle est au lit, une douleur fulgurante lui transperce le crâne. Elle l’ignore encore, mais elle est en train de faire une rupture d’anévrisme. Malgré la douleur, elle parvient à décrocher son téléphone et à appeler les urgences. Elle a un mal de chien à se souvenir du numéro et à le composer. On lui conseille de boire un verre d’eau et d’attendre que ça passe. Mais Tiiku vomit et sa céphalée n’a pas diminué. Elle finit par rappeler, au moment où son amoureux rentre enfin de sa soirée. Une ambulance arrive et les médecins tentent d’évaluer son trouble. On lui pose des questions pour voir si elle se souvient bien de toutes les composantes de sa vie – et c’est le cas. On remarque aussi qu’elle a le cou bloqué… sans doute a-t-elle un torticolis qui lui provoque la migraine. Ils l’emmènent cependant aux urgences de l’hôpital. Là-bas, Tiiku ne va vraiment pas bien. Les douleurs intra-crâniennes sont énormes, elle a froid, elle est confuse… On l’aide à se déshabiller pour ensuite lui poser une perfusion et la mettre dans un scanner.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tiiku Takalo est une artiste de bande dessinée reconnue dans son pays, la Finlande, notamment pour l’album Moi, Mikko et Anikki. Cet album a reçu le prix Finlandia en 2015 (le prix littéraire le plus prestigieux dans ce pays), et sa parution française chez Rue de l’Echiquier lui a valu le prix Artemisia en 2020. On découvre à travers ce nouvel album autobiographique, que dans l’intervalle de temps, l’autrice est passée à deux doigts de la mort, pour un problème de santé aussi banal qu’imprévisible : un AVC. Voilà l’histoire à la première personne de cet épanchement cérébral tout couillon mais lourd de conséquences sur le destin de Tiiku Takalo. L’artiste finlandaise nous relate la douleur au moment où la rupture n’anévrisme se produit, son hospitalisation, le diagnostic, l’opération, les suites opératoires, le protocole de rééducation, mais surtout l’immense fatigue et les angoisses qui l’accompagnent depuis lors. Pourquoi n’arrive-t-elle plus à se concentrer, pourquoi n’arrive-t-elle plus à travailler, ce sentiment d’être arrivée au bout de sa vie est-il définitif ? Ce récit introspectif est très sincère, et forcément touchant, même si le nombrilisme inhérent au sujet est pesant, à la longue… d’autant que ça dure près de 230 pages ! Nonobstant, le processus cathartique permis par le médium BD a assurément participé de la rééducation psychologique de l’autrice. Ce patient exercice d’autobiographie se décline sur un mode semi-réaliste imprégné d’un lavis de deux teintes majoritaires et opposées : rouge et bleue. Est-ce un hasard si ce sont celles qui servent à représenter le circuit cardio-vasculaire en médecine ?