L'histoire :
En ce début des années 20, le transport du courrier de France vers le nord du continent africain est un enjeu considérable, l'ambition de remplacer la voie maritime par des trajets en avion constitue le début de l'aviation civile. L'entreprise Latécoère veut établir une liaison sécurisée vers la région du Sahara Occidental, à travers des étapes en Espagne, et en s'appuyant sur le fortin de Cap Juby, bastion espagnol au cœur d'une zone d'opposition armée sahraouie, incarnée par des guerriers à cheval vêtus de bleu. En faisant de chaque étape un point de ravitaillement en carburant, une ligné régulière est possible. Pourtant, chaque vol est en soi un exploit, les moteurs d'avion sont sujets à des pannes fréquentes et imprévisibles, qui mettent la vie des pilotes en danger. Ce matin là, les pigeons voyageurs de l'équipage Mingat-Ducaud reviennent sans message, les pilotes se sont perdus en mer. Les équipes se mobilisent pour leur porter secours. Un autre jour, c'est un atterrissage forcé en plein désert qui mettra les hommes à la merci des opposants armés. Prisonniers, échangés contre des rançons, parfois torturés, les pilotes font preuve d'un courage exceptionnel, portés par un idéal entretenu par des grands noms qui resteront dans l'histoire. Dans l'enceinte de cap Juby, ces héros de l'aéropostale se retrouvent dans les moments de rire, d'inquiétude ou de fraternité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce dernier volume de la série, Christophe Bec met en scène des grands noms de l'aviation, qui se retrouvent une dernière fois autour des enjeux de l'Aéropostale. Une nouvelle occasion de mettre en avant le courage presque abstrait de ces aventuriers qui risquaient leur vie pour transporter le courrier plus vite que les bateaux qui le faisaient avant eux. On retrouve les enjeux industriels des ces débuts de l'aviation civile, et le contexte historique de la colonisation et des rivalités mortelles entre européens et populations locales. Avec cette multiplicité de personnages et un petit côté fourre-tout, cet épisode n'est pas le plus limpide, ni le plus impressionnant de la collection. On y trouve un peu trop d'informations et d'évènements pour être aussi happés que lorsqu'un seul pilote était au centre du récit. L'auteur choisit par ailleurs un ton délibérément premier degré pour décrire la sauvagerie des tribus du désert, un peu comme s'il était lui-même plongé dans l'époque, avec un regard dénué de recul historique. Tous les lecteurs ne seront pas forcément amateurs de ce classicisme assumé. Le dessinateur de cette dernière aventure est cela dit tout à fait à la hauteur de l'enjeu. Dans un style réaliste énergique et précis, Michel Suro rend les personnages historiques très vivants. Daurat est très réussi, il a l'air aussi peu commode dans ces pages que sur ses vieilles photos d'époque. C'est probablement un des albums les plus réussis de ce dessinateur expérimenté, qui semble avoir gagné en finesse et en précision. Il contribue grandement à la cohérence du récit en donnant une présence palpable à chaque protagoniste, et à leurs retrouvailles au sein du fortin de Cap Juby.