L'histoire :
Betty bouquine tranquillou sur son balcon parisien lorsque Laura, amie et voisine de palier, sonne à sa porte. Son Internet déconne et elle a besoin de connaître son planning de la soirée : elle exerce le plus vieux métier du monde… Aussitôt le service rendu, Betty s’en retourne à son balcon et s’aperçoit que sa plante en pot, une superbe Antina Bettyna rapportée de Bornéo par son oncle, a disparu ! Intriguée, elle s’apprête carrément à porter plainte au commissariat lorsqu’elle reconnaît sa plante sur une affiche publicitaire ! Sur un énorme 4 par 3, devant elle, sa plante promeut les talents d’un engrais lambda ! Aussitôt, elle se rend au siège de l’agence de communication qui a réalisé la campagne et réclame de voir un responsable. Elle se fait embobiner et repart avec des échantillons, lorsqu’elle croise finalement un publicitaire. Sans trop savoir comment ni pourquoi, la voilà qui participe désormais au « Grand justicier », une émission de téléréalité dans laquelle un animateur vedette soumet un litige au grand public. Le sujet est bien entendu de retrouver le(s) voleur(s) de sa plante… et la démonstration tourne évidemment au grand spectacle marketing et inepte. En rage, Betty quitte les plateaux de télé en empruntant le métro. Elle tombe alors sur une bande de taggueurs antipub : « la pub flingue la nature ». Ils décident de l’embarquer au moment où s’engage une course poursuite avec les forces de police…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré le dessin aux allures légères et réjouies signé Nicolas Sure (pour qui c’est ici le premier album), ce one-shot original est loin d’être futile. Il peut en revanche désorienter passablement les lecteurs en quête d’espace de cerveau disponible… A priori, on ne voit pas trop où le scénariste Stéphane Piatzseck (décidemment à l’honneur chez Quadrant, en ce mois de septembre 2008), veut nous emmener. Une jeune femme urbaine perd sa plante, remue terre et ciel pour la retrouver et se retrouve kidnappée – de son plein gré (!) – par une bande d’extrémistes écolo-citoyens-antipub… Peu à peu se dessine alors le propos politique (au sens noble du terme) : y’en a marre de cette société mercantile et individualiste. On croise des personnages intéressants (la pute, le flic, l’assistante de direction…). On se surprend tantôt à approuver, tantôt au contraire à être un peu paumé par la tournure des évènements. La chronique sociale alterne en fait les séquences muettes, où tout se déroule parfois très rapidement, puis insiste sur d’autres aspects beaucoup plus prolixes et revendicateurs. Ce mode de narration, ainsi que le choix du sujet, ouvrent néanmoins la voie à un axe éditorial engagé relativement inédit. La démarche est donc louable, mais elle aurait pu être plus aboutie et/ou percutante. En fait, le propos est soit trop engagé pour être pris au premier degré, soit pas assez pour convaincre pleinement, pour se conclure de manière légèrement bon enfant. Etonnant, non ?